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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 4.djvu/296

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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

jamais au souffle inconstant des lois de ce monde, et il n’expose pas plus son enfant au choc violent et brutal des passions, que le pilote n’expose son vaisseau à être brisé par les rochers. Mais il ne déploie les voiles qu’au vent prospère de la vérité et il s’attache à maîtriser le gouvernail de son enfant ; c’est-à-dire qu’il s’empare de ses oreilles pour que le mensonge n’y pénètre jamais, jusqu’à ce qu’il l’ait conduit sain et sauf dans l’heureux port du royaume des cieux. Les coutumes auxquelles ils donnent le nom de coutumes de leurs ancêtres, passent rapidement ; les institutions divines durent éternellement.

Phœnix, dit-on, fut le précepteur d’Achille, et Adraste celui des enfants de Crésus. Alexandre eut pour précepteur Léonide, et Philippe Nausithoüs. Mais Phœnix brûlait pour les femmes d’un amour insensé. Les crimes d’Adraste l’avaient fait bannir. Léonide ne put étouffer dans le cœur d’Alexandre l’arrogance macédonienne, ni Nausithoüs guérir Philippe du vice de l’ivrognerie. Le Thrace Zopire ne réprima point l’impudicité d’Alcibiade. Zopyre d’ailleurs était un esclave acheté à prix d’argent. Les enfants de Thémistocle eurent pour précepteur Sicimus, esclave frivole et efféminé, inventeur d’une danse à qui les Grecs ont donné son nom. Personne n’ignore que les rois de Perse confiaient l’éducation de leurs enfants à quatre hommes choisis parmi les plus distingués de la nation, et qu’on appelait instituteurs royaux ; mais ces enfants des rois de Perse n’apprennent qu’à tirer de l’arc, et, à peine parvenus à l’âge de puberté, on les voit semblables à des béliers, se livrer à toutes sortes d’impudicités avec leurs sœurs, leurs mères et une infinité de femmes qu’ils rassemblent dans leur palais, sous le nom d’épouses et de concubines. Mais notre Pédagogue est Jésus, Dieu saint, le Verbe, chef suprême de l’humanité tout entière, Dieu plein de douceur et de clémence.

C’est de lui que l’Esprit saint dit quelque part dans le cantique : « Le Seigneur a fourni à son peuple dans le désert tout ce dont il avait besoin ; il l’a défendu contre la soif et la faim