Aller au contenu

Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 4.djvu/312

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
248
SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

corde s’étend sur toute chair. Il nous menace, il nous châtie pour nous conduire, comme un bon pasteur son troupeau. Il aime et secourt tous ceux qui s’attachent à sa doctrine ; mais il s’affectionne plus tendrement à ceux qui s’y livrent avec plus d’ardeur. C’est ainsi qu’il conduit à travers le désert les six cents mille hommes qu’il a rassemblés. Tantôt il les frappe dans la dureté de leur cœur ; tantôt il les avertit avec une douceur toute divine. Sa bonté patiente ne se lasse jamais ni de punir, ni de pardonner, et il les environne jusqu’à la fin, de sa miséricorde et de sa justice comme d’un rempart. Comme ses miséricordes sont sans mesure, ses reproches le sont aussi. Il est beau, sans doute, de ne pas pécher ; mais il est bon aussi, quand on a péché, de se repentir et de faire pénitence. Il en est de même de la santé qui est préférable, sans doute, à la convalescence, sans que pour cela la convalescence soit à mépriser. « N’éloigne pas le châtiment de l’enfant, disait Salomon ; car si tu le frappes de la verge, il ne mourra point ; tu le frapperas de la verge et tu délivreras son âme de la mort. »

Les reproches sont comme des coups qui pénètrent l’âme, et, la châtiant de ses crimes, l’empêchent de mourir. Ils inspirent la modération et la tempérance à ceux que la violence de leurs passions est au moment d’emporter. Platon était tellement persuadé de l’efficacité des reproches, pour empêcher le vice ou pour le guérir, qu’il assure que les plus criminels et les plus vicieux d’entre les hommes sont toujours ceux qui les ont repoussés ; les plus vertueux, au contraire, ceux qui les ont écoutés avec docilité et reconnaissance. Si les princes et les magistrats ne sont point un objet de crainte aux bons citoyens, comment Dieu le serait-il pour ceux qui ne l’offensent point ? « Si vous faites le mal, craignez, dit l’apôtre. » C’est pour cela que le même apôtre, imitant les discours de Dieu, fait aux Églises d’aigres reproches, certain qu’il est de sa force et de la faiblesse de ceux qui l’écoutent. C’est encore pour cela qu’il dit aux Galates : « Suis-je devenu votre ennemi pour avoir dit la vérité ? » Celui qui se porte bien n’a