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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 4.djvu/328

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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

entre les aliments qui sont à notre usage. Les plus simples sont les plus convenables. Point de recherche, point d’apprêt, point d’artifice ; la vérité et le nécessaire, non le mensonge et la volupté. La santé et les forces constituent essentiellement la vie humaine, et l’aliment le plus simple est aussi celui qui les conserve le mieux, parce que, facile à digérer, il entretient le corps souple, libre et dispos. Je ne veux point dire ces forces outrées et misérables, qu’une nourriture nécessaire à leur état impose aux athlètes, mais une santé et des forces toujours justes, égales et proportionnées. Nous devons donc nous abstenir de ces aliments dont les qualités nuisibles dérangent les habitudes du corps, et troublent les fonctions de l’estomac, après avoir d’abord souillé et corrompu le goût par l’art détestable et funeste avec lequel ils ont été préparés. Cet art impur, qui dessèche rapidement les sources de la vie, il est des hommes qui osent l’appeler besoin de vivre et de se nourrir. C’est en vain que l’habile médecin Antiphane affirme que cette variété de mets est presque l’unique cause de toutes les maladies, ils s’irritent contre cette vérité, et, poussés par je ne sais quelle vaine gloire, ils méprisent, ils rejettent tout ce qui est simple, frugal, naturel, et ils font chercher avec anxiété leur nourriture au-delà des mers. Mais hélas ! je les plains de leur maladie, et je les entends qui célèbrent leurs folles délices. Rien n’échappe à leur avidité ; ils n’épargnent ni peines, ni argent. Les murènes des mers de Sicile, les anguilles du Méandre, les chevreaux de Mélos, les poissons de Sciato, les coquillages de Pélore, les huîtres d’Abydos, et jusqu’aux légumes de Lipare ; que dirai-je encore ? les bettes d’Ascrée, les pétoncles de Métymne, les turbots d’Attique, les grives de Daphné et les figues de Chélidoine, pour lesquelles le Perse insensé envahit la Grèce avec une armée de cinq cent mille hommes ; enfin les oiseaux du Phase, les faisans d’Égypte, les paons de Médie, ils achètent et dévorent tout. Ils font de ces mets recherchés des ragoûts plus recherchés encore qu’ils regardent l’œil enflammé et la bouche béante. Tout ce qui marche sur la terre, tout ce qui nage dans les eaux, tout ce qui vole dans les espaces immenses