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DE LA TRADITION.

peut perdre de son poids par le laps des siècles, l’on attaque la certitude des faits fondamentaux du Christianisme. Enfin, la nécessité et l’autorité de la tradition en matière de foi est ou une vérité, ou une erreur ; si c’est une vérité, le protestantisme est renversé par le fondement ; si c’est une erreur, elle date du second siècle, elle vient des disciples immédiats des apôtres, c’est leur exemple qui a égaré les siècles suivants.

Quant au quatrième siècle, nous avons déjà vu ce que pensait Eusèbe au sujet de saint Ignace et d’Hégésippe, et l’on est frappé, en lisant son Histoire Ecclésiastique, de l’exactitude avec laquelle il rapporte les sentiments des Pères des trois siècles précédents, et copie leurs propres termes. Dans les disputes qui survinrent entre les Ariens et les Catholiques, on opposa toujours aux premiers la tradition, le sentiment des docteurs qui avaient vécu depuis les apôtres. C’est l’argument qu’opposaient, à Arius et à ses partisans, Alexandre son évêque, et ceux de son patriarchat qu’il avait assemblés pour juger ces hérétiques ; ils leur reprochaient de se croire plus savants que tous les docteurs de l’Église qui les avaient précédés (Théod., Hist. Eccl. liv. I, chap. iv, p. 17). On fit de même au concile de Nicée. Ainsi en agirent encore les évêques du concile de Rimini, soit avant, soit après avoir été séduits par les Ariens. À la vérité, les Ariens même voulurent se couvrir du manteau de la tradition pour rejeter les termes de substance et de consubstantiel, en parlant du fils de Dieu, desquels ils prétendaient qu’on ne s’était pas servi jusqu’alors. Ils appelaient ainsi tradition le silence des siècles précédents, pendant que les Catholiques entendaient par là le témoignage formel et positif des docteurs de l’Église ; ce so-