Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 4.djvu/337

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

à César ce qui est à César, et garder pour Dieu ce qui est de Dieu. Nous n’ignorons pas qu’on peut donner d’autres explications de ce tribut dont parle l’Évangile ; mais ce n’est point le temps d’en parler, et il suffit de les rappeler en poursuivant l’œuvre que nous nous sommes imposé de conduire, par les doctrines du Verbe, à la source divine de la grâce. Tout m’est permis, mais tout ne m’est pas expédient. Ceux qui font tout ce qui leur est permis seront bientôt entraînés à faire ce qui leur est défendu. Comme la justice ne naît point de l’avarice et de la cupidité, de même les délices des festins ne peuvent produire la raison chrétienne. Il faut bannir de nos tables tout ce qui flatte les sens et irrite la volupté. Quoique tout ait été fait principalement pour l’usage de l’homme, il n’est pas bon qu’il use de tout, et toujours : le temps, l’occasion, la manière, les circonstances influent beaucoup sur l’utilité des choses. Cette attention à faire un juste choix est surtout propre à combattre et à détruire la gourmandise, dont les richesses allument et entretiennent les flammes ; non point ces richesses divines qui éclairent l’esprit, mais ces immenses trésors terrestres qui l’aveuglent. Personne ne manque du nécessaire, et l’homme d’ailleurs n’est jamais oublié et méprisé de Dieu. C’est lui qui nourrit les oiseaux, les poissons et tous les animaux de la terre : rien ne leur manque, quoiqu’ils n’aient aucun soin de leur nourriture. Nous leur sommes supérieurs, puisque Dieu nous a établis leurs maîtres, et d’autant plus semblables à Dieu, que nous sommes plus tempérants. Nous n’avons pas été créés pour manger et pour boire, mais pour connaître Dieu. Le juste mange et nourrit son âme, le méchant est insatiable, parce qu’il se livre à des désirs honteux qui n’ont point de fin.

Le luxe et la magnificence des festins ne servent pas seulement à l’usage d’un seul, mais se communiquent à plusieurs ; c’est pourquoi il se faut abstenir des mets qui nous excitent à manger sans faim, et qui trompent notre appétit par une sorte de prestige et d’enchantement. La frugalité n’a-t-elle pas, pour se réjouir modérément, mille mets variés ? Les ognons, les olives, diverses sortes de légumes, le lait, le fromage, les