fruits et mille autres choses qui se cuisent sans aucun apprêt. S’il est nécessaire d’user de quelque viande rôtie ou bouillie, on le peut faire. « Avez-vous là quelque chose à manger, dit le Seigneur à ses disciples après sa résurrection. » et comme ils observaient une austère frugalité, d’après l’exemple qu’il leur en avait donné, ils lui présentèrent un morceau de poisson et un rayon de miel. Après avoir mangé devant eux, il prit ce qui restait et le leur donna. Le miel donc peut être d’usage sur les tables frugales. Les mets les plus propres à la nourriture du Chrétien sont ceux dont on peut user sans feu, parce qu’ils sont toujours prêts ; après ceux-ci, ce sont les plus simples, et les plus communs, comme nous l’avons déjà dit un peu plus haut. Un démon gourmand gouverne ceux qui se livrent au luxe des tables et nourrissent eux-mêmes leurs maladies : j’appelle ce démon le démon du ventre ; c’est le plus méchant et le plus pernicieux de tous. Il est semblable vraiment au démon appelé ventriloque. Il vaut mieux être heureux que d’avoir un démon qui habite en vous : la félicité est dans l’usage de la vertu. L’apôtre saint Mathieu se nourrissait de légumes et de fruits, et ne faisait usage d’aucune sorte de viandes. Saint Jean, poussant plus loin la frugalité, vivait de sauterelles et de miel sauvage. Saint Pierre s’abstenait de la chair de porc ; mais il changea de sentiment après la vision qu’il eut et dont il est parlé dans les Actes des apôtres. Il vit le ciel ouvert, et comme une grande nappe suspendue par les quatre coins qui descendait du ciel en terre, et où étaient toutes sortes de quadrupèdes, de reptiles et d’oiseaux du ciel, une voix vint à lui : « Lève toi, Pierre, tue et mange. » Or, Pierre dit : « Non Seigneur, car je n’ai jamais mangé rien d’impur ni de souillé. » La voix, une seconde fois, dit : « N’appelle point impur ce que Dieu a purifié. » Il est donc indifférent en soi de se nourrir d’une chose ou d’une autre. Ce n’est point ce qui entre dans la bouche de l’homme qui le souille, mais le vice de la gourmandise. Et Dieu, qui a créé l’homme, lui a dit : « Tout vous servira de nourriture. » Les légumes avec la charité valent mieux qu’un veau avec le mensonge. C’est nous rappeler clairement
Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 4.djvu/338
Apparence
Cette page n’a pas encore été corrigée
274
SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.