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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

nent encore la chute des autres en leur offrant ce spectacle doux et périlleux de la jeunesse et de la beauté. De là vient cette maxime du sage : « Ne t’assieds jamais avec la femme d’un autre, et ne sois pas à table avec elle nonchalamment appuyé sur le bras ; » c’est-à-dire ne mange pas souvent avec elle. Le sage ajoute immédiatement : « Et ne bois pas de vin avec elle, de peur que ton cœur ne s’incline vers elle et que ton sang ne t’entraîne à la perdition. » On glisse, en effet, aisément de la liberté qu’inspire le vin, dans le mal. Le sage nomme la femme mariée, parce qu’il y a un plus grand péril à s’efforcer de briser ce lien sacré, qui est la vie de la société. Si quelque nécessité imprévue nous force à les approcher, elles doivent se montrer à nous couvertes d’un voile au-dehors, et de la pudeur au-dedans. Quant à celles qui ne sont point au pouvoir d’un mari, il leur est de la dernière honte de se mêler aux joies des hommes dans les festins.

Une fois que l’on est entré dans la salle du festin, il y faut rester immobile, silencieux et attentif. Si vous êtes assis, ne changez point vos pieds de place, ne posez point vos jambes l’une sur l’autre, n’appuyez point votre menton sur votre main, c’est une indécence qu’on ne pardonne pas même à des enfants, et c’est une marque de légèreté d’esprit et de caractère que de changer fréquemment de position. La modestie et l’honnêteté consistent à choisir ce qu’il y a de moins recherché dans les mets et dans les boissons, à ne montrer ni empressement ni hardiesse, soit au commencement, soit dans les intervalles du repas. Bien plus, il faut cesser le premier et ne témoigner aucun désir. Voyez les paroles du sage : « Use comme un homme tempérant de ce qui t’est servi. Cesse le premier par pudeur. Et si tu es assis au milieu d’un grand nombre de personnes, n’étends pas le premier la main sur la table. »

Il ne faut donc montrer aucune sorte de gourmandise ; et quels que soient nos désirs, nous ne devons tendre la main qu’après un retard qui prouve notre tempérance. Il ne faut ni regarder les mets avec envie ni les saisir avec avidité comme des brutes, ni surtout manger avec excès ; car l’homme ne dé-