Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 4.djvu/380

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
316
SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

nature de l’homme à celle de l’ange, unissant par la méditation le ciel à la terre et le temps à l’éternité.


CHAPITRE X.

De la procréation des enfants.


C’est aux seules personnes que le mariage unit à juger de l’opportunité de son action. Le but de cette institution est d’avoir des enfants ; sa fin, que ces enfants soient bons : de même que le laboureur sème dans le but de se nourrir, et que la récolte est la fin de son travail. Mais le laboureur qui cultive une terre vivante est bien au-dessus de celui qui cultive une terre morte : l’un travaille seulement pour se nourrir un court espace de temps, l’autre pour entretenir et perpétuer l’univers ; celui-là sème pour lui, celui-ci pour Dieu. Car c’est Dieu qui a dit : « Croissez et multipliez ; » commandement après lequel il faut sous-entendre que l’homme devient l’image de Dieu, en tant qu’il coopère à la génération de l’homme. Toute terre n’est pas propre à recevoir la semence, ni tout laboureur à ensemencer celle même qui est propre à la recevoir. Il ne faut ni semer sur la pierre, ni outrager la semence, qui est le principe de la génération, et la substance par laquelle la nature se conserve et se perpétue dans les voies que Dieu lui a tracées. S’écarter de ces voies, et transmettre ignominieusement la semence dans des vaisseaux qui ne lui sont point naturellement destinés, c’est le comble de l’impiété et du crime. Voyez sous quelle figure le sage Moïse défend l’ensemencement d’un sol infertile : « Vous ne mangerez, dit-il, ni de la chair du lièvre, ni de celle de l’hyène. » Dieu ne veut point que l’homme ait rien de commun avec la nature impure de ces animaux, ni qu’il égale leur lubricité, qui est si ardente, qu’elle les excite sans cesse à la satisfaire avec une sorte de fureur stupide. La femelle du lièvre a, dit-on, autant de matrices qu’elle a vécu d’années ; ainsi, en nous défendant l’usage de la chair de cet