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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

mour outré des femmes et ces voluptés innombrables qui obsèdent l’homme, le tyrannisent, et font descendre les mœurs d’un peuple au dernier degré d’infamie.

Mais l’Écriture a soin de nous rappeler que ces vices ne demeurent pas impunis. C’est encore pour cela que le sage dit : « Éloigne de tes serviteurs les espérances vaines et honteuses ; éloigne de moi les cupidités, ne permets point que l’amour de la table et des femmes s’empare de moi. » Loin de nous donc les hommes corrompus, leurs maléfices et leurs piéges ! Loin de nous les parasites, les fornicateurs, les courtisanes ou tout autre monstre semblable de volupté ! Ce n’est pas seulement la besace de Cratès, mais notre ville encore, qui leur est fermée. Occupons-nous toute notre vie à semer autour de nous de bonnes œuvres. En un mot, il faut, ou connaître les femmes par le mariage, ou ne les pas connaître du tout. C’est ce qui est ici en question, et ce que j’ai déjà examiné et résolu dans le livre où j’ai traité de la continence. Mais si l’on peut mettre en doute l’utilité même du mariage, comment en permettre les plaisirs sans règle ni mesure ? Ces plaisirs répétés brisent les nerfs de l’homme comme de faibles fils qu’on tire avec trop de violence ; ils obscurcissent les sens et détruisent les forces. Cet effet se remarque dans les animaux même privés de raison et dans tous ceux, soit hommes, soit brutes, qui se livrent à des exercices violents. La privation de ce plaisir conserve entières toutes leurs forces et leur fait vaincre leurs adversaires dans les combats : son usage, au contraire, les leur ravit et énerve leur âme et leur corps. Le sophiste d’Abdère, regardant cet acte comme un mal incurable, l’appelait une courte épilepsie. Ses effets désastreux sont aussi grands que la cause, qui les produit : l’homme, en effet, est arraché de l’homme avec violence. Vous pouvez juger de la grandeur de sa perte par l’affaiblissement qu’il en éprouve. « Voici, dit-il, l’os de mes os et la chair de ma chair. » Ce qu’il perd dans cet acte étant le principe de la vie, est-il étonnant que cette perte l’épuise ? D’abord l’ébullition de la matière trouble et ébranle tout l’édifice de son corps. Celui donc à qui l’on demandait comment le traitaient