fin, il faut surtout prendre garde que les ténèbres de la nuit ne nous rendent intempérants et immodestes. La pudeur, qui est comme la lumière de la raison, ne doit jamais cesser d’éclairer notre âme. Si nous observons pendant le jour les règles de la tempérance et que nous les violions la nuit, nous serons comme Pénélope, qui défaisait la nuit l’ouvrage qu’elle avait fait le jour. S’il n’est jamais permis de rien faire contre l’honnêteté à combien plus forte raison est-on obligé de donner à son épouse des exemples de pudeur et d’éviter toute impudicité dans le commerce qu’on a avec elle. Votre chasteté dans l’intérieur de votre maison doit répondre à vos frères de votre chasteté au-dehors. Comment d’ailleurs votre femme pourrait-elle vous croire chaste si vous ne l’êtes pas dans les plaisirs que vous prenez avec elle ? L’amour insensé que vous prétendez lui prouver par vos emportements ne dure qu’un moment et vieillit avec le corps. Souvent même il vieillit avant par lassitude et dégoût d’un plaisir dont un usage modéré aurait sanctifié et prolongé la douceur.
Ignorez-vous que l’amour est une passion volage, sujette au dégoût, au changement, au remords, et qui souvent se tourne en haine ? Ceux qui marchent sur les traces du saint apôtre ne doivent pas même connaître les noms et les mots qui servent à exprimer des choses obscènes et impudiques : « Qu’on n’entende pas même parler parmi vous, de fornication, ni de quelque impureté que ce soit, ni d’avarice comme il convient à des saints. » C’est donc avec raison que quelqu’un a dit que le commerce des femmes n’a jamais été avantageux à personne, et que le plus heureux est celui à qui il n’est point nuisible ; lors même qu’il est légitime il ne laisse pas d’être dangereux, si ce n’est quand il se borne à la procréation des enfants. Quant à celui qui est illégitime, l’Écriture sainte nous dit que la femme débauchée est semblable à un sanglier, et que celle qui est au pouvoir d’un mari est un instrument de mort pour ceux qui l’approchent ; elle compare l’amour des courtisanes à un amour de bouc et de sanglier ; elle dit que commettre clandestinement l’adultère, c’est chercher la mort ; elle maudit la