Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 4.djvu/416

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
352
SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

nière ondoyante, ceux-ci des couleurs vives et variées de leur plumage ; la femme seule, comme si elle était inférieure à ces animaux, se croit assez laide et assez difforme pour avoir besoin d’emprunter une beauté factice et trompeuse. Toutes ces bandelettes, tous ces réseaux de formes et de couleurs différentes, dont elles attachent et enveloppent leur chevelure ; toutes ces tresses innombrables qu’elles entrelacent les unes dans les autres avec mille soins curieux et recherchés ; tous ces miroirs de forme et de matière magnifique à l’aide desquels elles composent leur visage et leur maintien, afin de mieux séduire ceux qui, comme des enfants privés de raison, se laissent prendre à ces trompeurs appas ; tous ces soins, dis-je, toutes ces recherches proclament leur opprobre et leur corruption. Dépouillées de toute pudeur, faisant un masque de leur visage, est-ce leur faire injure que de les comparer à des courtisanes et de leur en donner le nom ? « Ne considérez point, dit l’apôtre, les choses visibles, mais les invisibles ; car les choses visibles sont passagères, mais les invisibles sont éternelles. » Peut-on imaginer rien de plus absurde que la conduite de ces femmes ? Elles se créent une beauté fausse, et, comme si elles avaient fait un superbe ouvrage, elles inventent un miroir pour la regarder, au lieu d’un voile pour la couvrir et la cacher. Ni les fables grecques ne les instruisent, ni les divines Écritures. Le beau Narcisse meurt de la contemplation de sa ressemblance ; Moïse défend au peuple choisi de faire des peintures qui représentent le vrai Dieu, et elles inventent des miroirs pour adorer leur propre image ! Lorsque le prophète Samuel fut entré dans la maison du vieillard Jessé, pour sacrer roi celui de ses huit enfants que le Seigneur avait choisi, frappé d’abord de la taille élevée et de la beauté remarquable de l’aîné, il s’en réjouit, et levait déjà l’huile sainte pour la lui répandre sur la tête ; mais le Seigneur l’arrêta et lui dit : « Ne regarde point son visage, ni la hauteur de sa taille : je l’ai rejeté, et je ne juge point selon le regard de l’homme ; car l’homme voit ce qui paraît, mais le Seigneur regarde le cœur. » Ainsi le prophète ne sacra