point celui dont le corps était beau, mais celui dont l’âme était belle. Si donc le Seigneur fait moins de cas de la beauté naturelle de notre corps que des vertus cachées qui embellissent notre âme, de quel œil ne doit-il point voir ces beautés fausses et trompeuses, lui qui a horreur de tout ce qui est faux ? « Car nous marchons dans la foi et non dans l’apparence. »
L’exemple d’Abraham, à qui le Seigneur ordonne de se retirer dans une terre étrangère, et qui lui obéit sans murmure, prouve assez que les vrais serviteurs de Dieu doivent sacrifier à ses moindres ordres leur patrie, leurs parents et leurs biens. Dieu lui-même appelle ce saint patriarche son ami, parce qu’il a méprisé pour lui ses richesses, toutes considérables qu’elles étaient : témoin les quatre rois qui avaient emmené Lot en captivité, qu’il défit et mit en fuite avec le seul secours de ses domestiques. La seule Esther, dans l’Écriture, nous apparaît magnifiquement parée ; mais cette parure est mystérieuse. C’est une sujette qui veut plaire à son roi, une épouse à son mari ; et le prix de cette beauté est la délivrance de tout un peuple que les méchants persécutaient et s’apprêtaient à faire périr. À l’appui de cette fatale influence de l’amour outré des vaines parures, amour qui fait les femmes adultères et rend les hommes mous et efféminés, je citerai ce passage d’Euripide, dans sa tragédie d’Iphigénie :
« Lorsque le prince troyen, qui avait jugé les déesses, eut abordé les rivages de la Laconie, sa beauté, ses vêtements somptueux, tissus d’or et de soie, éblouirent Hélène et la séduisirent au point de profiter de l’absence de son époux pour suivre cet amant adultère dans les retraites du mont Ida. »
Ô beauté, mère de l’adultère ! cet amour outré des vaines parures et des coupables voluptés, ce luxe impur d’un prince barbare, ruinent la Grèce, corrompent la chasteté lacédémonienne, et changent en une vile prostituée la fille même de Jupiter. Hélas ! ces peuples n’avaient point de maître divin qui leur dit : « Vous ne commettrez point d’adultère ; » et, vous livrant à