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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

là viennent les ordres répétés qu’il nous fait, d’abjurer les vaines délices ; et les louanges qu’il ne cesse de donner à la frugalité, fille de la tempérance. « Préférez, dit-il, mes enseignements à l’argent, et la science à l’or le plus pur ; car la sagesse est meilleure que les perles, et toutes les pierres précieuses ne l’égalent pas. » Rien de ce qui est le plus précieux n’est donc comparable à la vertu. « Mes fruits, dit-il encore, sont meilleurs que l’or, que l’or le plus pur ; mes dons valent mieux que les saphirs. »

Faut-il peser le mérite de ces deux sortes de trésors, si différents l’un de l’autre ? Je le veux bien. Pensez-vous qu’un homme soit riche, parce qu’il possède de grands biens et qu’il est rempli d’or comme une vile bourse ? ou plutôt le véritable riche n’est-il pas celui qui, plein de justice, de sagesse et de beauté, car l’ordre est la vraie beauté, montre sa sagesse dans l’administration de ses biens, et sa modération dans la manière bienveillante dont il les distribue à ses frères ? N’est-ce pas de ces hommes que l’Écriture nous dit que plus ils sèment plus ils récoltent : « Il a répandu ses biens sur le pauvre ; sa justice subsistera dans les siècles. » Ce n’est donc pas celui qui a et ne donne point, mais celui qui donne, qui est riche ; car le bonheur ne consiste point à posséder, mais à donner. La bienfaisance venant de l’âme, les vrais biens en viennent aussi, appartenant à la vertu seule, et par conséquent aux Chrétiens. Un homme qui n’a ni justice, ni sagesse, ni modération, ne peut ni connaître ni posséder ces biens. Les Chrétiens seuls le peuvent ; et comme rien n’est aussi précieux que ces biens, étant les seuls qui les possèdent, ils sont nécessairement les seuls qui soient riches. Les richesses du Chrétien sont la justice et la raison, qui est plus précieuse qu’aucun trésor. Elles ne lui viennent point de la terre, mais de Dieu, qui se plaît à les lui donner ; et rien ne peut les lui ravir. Elles ne consistent point dans la multitude de ses troupeaux, l’étendue et la fertilité de ses champs ; mais elles sont enfermées dans son âme comme dans un trésor, et leur possession, qui est la plus excellente de toutes, le rend parfaitement heureux. Elles l’empêchent de