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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

plus secret de notre maison pour prier Dieu mystiquement, pourquoi n’agirions-nous pas envers notre prochain, que le commandement le plus près du premier nous fait un devoir d’aimer, de la même manière que nous agissons envers Dieu, l’aimant d’un amour mystique et intérieur, lui parlant avec douceur, cherchant l’occasion de lui être utile ? Car nous sommes le sel de la terre. Bénir dès le matin notre ami à haute voix par un hypocrite désir d’être remarqués, c’est, il me semble, différer bien peu de ceux qui l’exècrent et le maudissent.

Par-dessus tout enfin, il faut éviter la présence des femmes et fuir avec soin leur rencontre. Il n’est pas nécessaire de les toucher pour commettre le mal, il suffit souvent de les regarder. Ce danger est celui de tous, que doivent fuir avec le plus de soin les sincères adorateurs du Christ. Que vos yeux soient chastes, que vos regards s’accordent toujours avec la droiture de votre cœur. Quoiqu’il puisse arriver que vous ne tombiez pas en voyant, il faut pourtant éviter de voir, de peur de tomber. Il n’est pas impossible que celui qui voit commette le mal ; il l’est que celui qui ne voit point forme d’impurs désirs. Enfin il ne doit pas suffire aux vrais Chrétiens d’être purs au-dedans, il faut encore qu’ils le paraissent au-dehors, afin qu’aucun reproche, aucun blâme, aucun soupçon ne les puisse atteindre, afin que leur chasteté soit pleine et entière ; afin qu’ils ne soient pas seulement fidèles, mais qu’ils paraissent aux yeux de tous dignes de la foi qu’ils professent. « Il ne faut, dit l’apôtre, donner à personne occasion de nous reprendre. » « Ayez soin, dit-il, de faire le bien, non-seulement devant Dieu, mais aussi devant tous les hommes. Détournez les yeux d’une femme parée et ne considérez pas la beauté de l’étrangère. » Si vous lui demandez le motif de cette défense, lui-même vous l’expliquera : à cause de la beauté d’une femme, plusieurs ont péri, et c’est par-là que s’allume comme un feu cette amitié qui conduit au feu de l’enfer, cette amitié, dis-je, qui naît du feu, et à laquelle ils ont donné le nom d’amour.