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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 4.djvu/477

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QUEL RICHE PEUT ÊTRE SAUVÉ.


Ceux qui louent les riches, faisant ainsi semblant d’honorer les richesses qui, par elles-mêmes, ne méritent aucune louange, ne sont pas seulement de vils flatteurs, des esclaves lâches et rampants, ils sont des impies et des traîtres. Des impies : la louange appartient à Dieu, seul être bon et parfait, de qui tout vient, par qui tout existe, en qui tout réside ; elle lui appartient, il se l’est réservée, et ils l’en privent ! Ils font plus encore, ils la prostituent à des hommes livrés à la fougue de leurs passions, qui n’ont d’autre récompense à attendre de la justice divine que la punition de leurs crimes. Des traîtres : les richesses seules suffisent pour amollir, corrompre et détourner de la voie du salut ceux qui ont le malheur de les posséder ; les flatteurs le savent, et ils entretiennent les riches dans leur folie ; ils enorgueillissent leur orgueil, ils leur apprennent à tout mépriser, si ce n’est ces richesses, qui leur procurent tant d’honneurs. Ils ajoutent ainsi la flamme à la flamme, l’orgueil à l’orgueil, le poison de la flatterie au poison de l’or ; un poids déjà trop lourd qu’ils devraient alléger, ils l’aggravent ; une maladie dangereuse qu’ils devraient s’efforcer de guérir, ils la rendent mortelle et incurable. « L’arrogance et la vanité, a dit le Seigneur, seront punies par l’abaissement et la ruine. » Il est donc bien plus humain, bien plus charitable, au lieu de flatter les riches et de couvrir du bruit de nos louanges le bruit que leurs crimes élèvent autour d’eux, de venir à leur aide par de sages avertissements, et de leur