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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 4.djvu/489

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tinguible de vos désirs ; car si, étant riche, vous reconnaissez tenir de la munificence divine, l’or, l’argent et les maisons que vous possédez, et que vous les rendiez, dans la personne de vos frères, au Dieu qui vous les a donnés ; si vous reconnaissez que vous les possédez plus pour les autres que pour vous-même ; si, vous élevant au-dessus de leur possession par la force de votre esprit, vous leur commandez au lieu de leur obéir ; si vous ne vous enfermez point dans des sentiments égoïstes comme dans une demeure impénétrable, mais que vous fassiez servir vos richesses à l’œuvre divine de votre salut ; si, lorsque la nécessité l’exige, vous vous privez de vos trésors et supportez leur perte et la pauvreté, qui en est la suite, avec la même tranquillité d’esprit, la même joie pure et inaltérable dont vous jouissiez au milieu de votre abondance, c’est vous alors, c’est vous que le Seigneur proclame heureux, et appelle pauvre d’esprit, héritier assuré du royaume des cieux, où vous n’entreriez pas si vous rejetiez le fardeau de vos richesses par la seule impuissance de le porter.

Celui dont l’âme est toute pleine du sentiment impur de ses richesses ; qui, fermant son cœur à l’esprit de Dieu, le remplit d’or et de terre ; de qui l’esprit et le corps se fatiguent sans relâche à accroître ses biens sans mesure ; esclave enchaîné par le monde et courbé vers cette terre de laquelle il est sorti et à laquelle il doit retourner, comment un tel homme pourra-t-il brûler du saint désir de posséder Dieu ? Un homme, dis-je, qui ôte son cœur de sa poitrine pour y placer un froid métal : non, il est tout entier dans les richesses dont le coupable amour l’enchaîne, et c’est là que Dieu le retrouve ; car où est votre trésor, là aussi est votre cœur. Le Seigneur reconnaît deux espèces de trésors ; l’un bon : « L’homme bon tire de bonnes choses d’un bon trésor ; » l’autre mauvais : « et l’homme mauvais tire de mauvaises choses d’un mauvais trésor, car la bouche parle de l’abondance du cœur. » De ces deux trésors, l’un, si vous le trouvez, vous est une source de biens : la possession de l’autre, loin d’être utile et désirable, entraine, au contraire, votre perte et votre ruine. Les richesses comme