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bien que le style de cet ouvrage soit d’un homme éloquent, ce n’est pas celui de l’Octavius.

Tout porte à croire que Minucius se proposait de donner une suite à l’ouvrage qui nous reste de lui. « J’ai bien encore, dit Cécilius, quelques difficultés particulières qui ne m’empêchent pas d’ouvrir les yeux à la vérité, mais qu’il m’importe d’éclaircir pour que je sois parfaitement instruit, je vous les proposerai demain, car le soleil est sur son déclin. » Ce nouvel ouvrage, s’il a existé, n’est point parvenu jusqu’à nous, la beauté du livre qui nous reste ferait regretter davantage celui que nous aurions perdu.


Doctrine de Minucius Félix.


Entre les raisons dont Minucius Félix se sert pour prouver l’existence de Dieu, il appuie beaucoup sur l’idée que nous en avons dès notre naissance, et sur le consentement général de tous les peuples. Ce Dieu, dit Minucius, est un, immense, infini, éternel, invisible, purement spirituel, et n’a point d’autre nom que celui de Dieu ; lui seul se connaît, il est incompréhensible aux hommes, mais il voit toutes leurs actions et leurs pensées les plus secrètes. L’homme est libre de sa nature, son âme immortelle, et son corps, après avoir été réduit en poussière, ressuscitera ; celui des impies sera condamné aux flammes éternelles. Il remarque, comme les autres apologistes, que les Chrétiens ne se croyaient pas permis de voir mettre à mort un homme, et qu’ils s’abstenaient du sang des animaux ; que plusieurs d’entre eux gardaient la sainteté du célibat jusqu’à la mort ; que les autres ne se mariaient qu’une fois, et n’avaient d’autre fin dans le mariage que d’avoir des enfants, quelques-uns même s’abstenaient des plaisirs les plus légitimes. En répondant à l’objection des païens, que les Chrétiens n’avaient point de temples, il ne nie point qu’ils n’eussent certains lieux pour y faire l’exercice de leur religion ; il était même notoire que les Chrétiens s’assemblaient. Cécilius le dit nettement, et Tertullien, qui vivait en même temps, parle des églises des Chrétiens