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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 4.djvu/9

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v
DE LA TRADITION.

aux Juifs d’en expliquer le sens à leurs enfants, afin de les graver dans la mémoire. (Deut., ch. VI, v. 20, etc.) Pourquoi ces précautions, si l’Écriture suffisait ? David dit (Ps. LXXVII 3) : « Combien de choses n’avons-nous pas apprises de la bouche de nos pères ?… Combien de vérités Dieu leur a ordonné d’enseigner à leurs enfants, afin de les faire connaître aux générations futures. Ils en useront de même à l’égard de leurs descendants, afin qu’ils mettent en Dieu leur espérance, qu’ils n’oublient point ce qu’il a fait, et qu’ils apprennent ses commandements : » À quoi bon ces leçons des Pères, s’il suffisait de lire les livres saints ? Nous ne voyons point de lectures publiques établies chez les Juifs avant le retour de la captivité, et il s’était pour lors écoulé mille ans depuis la mort de Moïse. Le législateur ni aucun des prophètes, n’a ordonné aux Juifs d’apprendre à lire.

Troisième preuve. — Dieu a établi le Christianisme principalement par la prédication, par les instructions de vive voix, et non par la lecture des livres saints. Saint Paul ne dit point que la loi vient de la lecture, mais de l’ouïe, et que l’ouïe vient de la prédication. Il y a sept apôtres desquels nous n’avons aucun écrit ni aucune preuve qu’ils en aient laissé. Cependant ils ont fondé des Églises qui ont subsisté après eux, et qui ont conservé leur foi très-long-temps, avant qu’elles aient pu avoir l’Écriture-Sainte dans leur langue. Sur la fin du second siècle, saint Irénée a témoigné qu’il y avait chez les barbares des Églises qui n’avaient point encore d’écriture, mais qui conservaient la doctrine du salut écrite dans leur cœur par le Saint-Esprit, et qui gardaient soigneusement l’ancienne tradition. Aucune version n’a été faite par les apôtres, ni de leur temps ; ce que disent les protestants de la