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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 4.djvu/10

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vi
DE LA TRADITION.

haute antiquité de la version syriaque est avancé sans aucune preuve. Pour la commodité de leur système, ils supposent et ils assurent que, dès le temps des apôtres, l’Écriture-Sainte fut traduite dans les langues de tous les peuples qui avaient embrassé le Christianisme ; nous pouvons le nier hardiment. À la réserve de la traduction grecque des Septante, nous ne connaissons la date précise d’aucune des anciennes versions. Les protestants ne cessent de répéter que celle des Septante est très-fautive, qu’elle a été la cause de la plupart des erreurs qu’ils reprochent aux Pères de l’Église. C’est néanmoins sur cette version que la plupart des autres ont été faites. Ils disent que le grec était entendu partout ; cela est faux. Dans la plupart des provinces romaines, le peuple n’avait pas plus l’intelligence du grec qu’il n’a celle du latin parmi nous, et hors des limites de l’empire cette langue n’était d’aucun usage. Il y a eu des nations chrétiennes dans le langage desquelles l’Écriture-Sainte n’a jamais été traduite. On sait d’ailleurs combien l’usage des lettres était rare chez la plupart des nations dans les temps dont nous parlons.

À la vérité, Théodoret dit que de son temps les livres des Hébreux étaient traduits dans les langues des Romains, des Égyptiens, des Perses, des Indiens, des Arméniens, des Scythes et des Sarmates ; en un mot dans toutes les langues dont les différentes nations se servaient pour lors. Si ce passage incommodait les Protestants, ils demanderaient comment Théodoret a pu le savoir ; ils diraient que c’est un fait hasardé et certainement exagéré, que l’Écriture-Sainte n’a été traduite ni en langue punique, usitée à Malte et sur les côtes de l’Afrique, ni en ancien espagnol, ni en celte, ni en ancien breton, quoique ces peuples fussent déjà Chrétiens. Nous ne