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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 5 bis.djvu/13

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IX
DU TROISIÈME SIÈCLE.

sa peau déchirée de monument à leur victoire. Gallien, son fils et son collègue, acheva de tout perdre par sa mollesse. Trente tyrans partagèrent l’empire ; Claudius II, et Aurélien après lui, établirent les affaires. Les Francs commençaient alors à se faire craindre. C’était une ligue que les peuples germains, qui habitaient le long du Rhin. Leur nom montre qu’ils étaient unis par l’amour de la liberté. Aurélien les avait battus, étant particulier, et les tint en crainte, étant empereur.

Un tel prince se fit haïr par ses actions sanguinaires. Sa colère trop redoutée lui causa la mort. Ceux qui se croyaient en péril les prévinrent, et son secrétaire menacé se mit à la tête de la conjuration. L’armée, qui le vit périr par la conspiration de tant de chefs, refusa d’élire un empereur, de peur de mettre sur le trône des assassins à Aurélien, et le sénat, rétabli dans son ancien droit, élut Tacite. Ce nouveau prince était vénérable par son âge et par sa vertu ; mais il devint odieux par les violences d’un parent à qui il donna le commandement de l’armée, et périt avec lui, dans une sédition, le sixième mois de son règne. Ainsi son élévation ne fit que précipiter le cours de sa vie. Son frère Flavien prétendit à l’empire par droit de succession, comme le plus proche héritier. Ce droit ne fut pas reconnu ; Flavien fut tué, et Probus forcé par les soldats à recevoir l’empire, encore qu’il les menaçât de les faire vivre dans l’ordre. Tout fléchit sous un si grand capitaine. Les Germains et les Francs, qui voulaient entrer dans les Gaules, furent repoussés ; et, en Orient aussi bien qu’en Occident, tous les barbares respectèrent les armes romaines. Un guerrier si redoutable aspirait à la paix, et fit espérer à l’empire de n’avoir plus besoin des gens de guerre. L’armée se vengea de cette parole, et de la règle sévère que son empereur lui faisait garder. Un moment après, étonnée de la violence qu’elle exerça sur un si grand prince, elle honora sa mémoire, et lui donna pour successeur Carus, qui n’était pas moins zélé que lui pour la discipline. Ce vaillant prince vengea son prédécesseur, et réprima les barbares, à qui la mort de Probus avait rendu le courage. Il alla en Orient combattre les Perses avec Numérien, son second fils, et opposa aux ennemis, du côté du nord, son fils aîné Carinus, qu’il fit César. C’était la seconde