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TABLEAU HISTORIQUE

dignité, et le plus proche degré pour parvenir à l’empire. Tout l’Orient trembla devant Carus : la Mésopotamie se soumit ; les Perses divisés ne purent lui résister. Pendant que tout lui cédait, le ciel l’arrêta par un coup de foudre. À force de le pleurer, Numérien fut prêt à perdre les yeux. Que ne fait dans les cœurs l’envie de régner ? Loin d’être touché de ses maux, son beau-père Aper le tua ; mais Dioclétien vengea sa mort, et parvint enfin à l’empire, qu’il avait désiré avec tant d’ardeur. Carinus se réveilla, malgré sa mollesse, et battit Dioclétien ; mais, en poursuivant les fuyards, il fut tué par un des siens, dont il avait corrompu la femme. Ainsi l’empire fut défait du plus violent et du plus perdu de tous les hommes.

Dioclétien gouverna avec vigueur, mais avec une insupportable vanité. Pour résister à tant d’ennemis qui s’élevaient de tous côtés, au-dedans et au-dehors, il nomma Maximien empereur avec lui, et sut néanmoins se conserver l’autorité principale. Chaque empereur fit un César. Constantius Chlorus et Galérius furent élevés à ce haut rang. Les quatre princes soutinrent à peine le fardeau de tant de guerres. Dioclétien fuit Rome, qu’il trouvait trop libre, et s’établit à Nicomédie, où il se fit adorer, à la mode des Orientaux. Cependant les Perses, vaincus par Galérius, abandonnèrent aux Romains de grandes provinces et des royaumes entiers. Après de si grands succès, Galérius ne veut plus être sujet, et dédaigne le nom de César. Il commence par intimider Maximien. Une longue maladie avait fait baisser l’esprit de Dioclétien, et Galérius, quoique son gendre, le força de quitter l’empire.

Il fallut que Maximien suivît son exemple. Ainsi l’empire vint entre les mains de Constantius Chlorus et de Galérius ; et deux nouveaux Césars, Sévère et Maximin, furent créés en leur place par les empereurs qui se déposaient. Les Gaules, l’Espagne et la Grande-Bretagne furent heureuses, mais trop peu de temps, sous Constantius Chlorus. Ennemi des exactions, et accusé par là de ruiner le fisc, il montra qu’il avait des trésors immenses dans la bonne volonté de ses sujets. Le reste de l’empire souffrait beaucoup sous tant d’empereurs et tant de Césars ; les officiers se multipliaient avec les princes ; les dépenses et les exactions