Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 5 bis.djvu/520

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


VI.

DE LA VANITÉ DES IDOLES[1].


Il n’y a qu’un Dieu : le Christ est la porte par laquelle on arrive au salut ; et ces vains simulacres, devant lesquels le vulgaire fléchit le genou, ne sont pas des divinités ; voilà ce que personne n’ignore. Ces personnages furent jadis des souverains pour lesquels les hommages du trône se perpétuèrent au-delà du tombeau. De là les temples érigés en leur honneur ; de là ces images, ces statues, pour rappeler leurs traits anéantis par la mort ; de là ces immolations de victimes, ces jours de fête, ces solennités de toute espèce. La postérité changea en culte les témoignages de la reconnaissance et les regrets de la douleur. Voyons si notre assertion est applicable à chacun d’eux.

Mélicerte et Leucothoë se précipitent dans la mer et deviennent par la suite les divinités de cet élément. Castor et Pollux meurent afin de vivre tour-à-tour ; Esculape est foudroyé pour se réveiller dieu ; Hercule, consumé dans les flammes de l’Æta, y laisse tout ce qu’il avait de mortel ; Apollon garde les troupeaux d’Admète ; Neptune bâtit les remparts de Laomédon, et, architecte malencontreux, se retire frustré de son salaire. On visite encore dans l’île de Crète l’antre de Jupiter, et on y montre son tombeau. On sait que, dépouillé de son trône et chassé par lui, Saturne chercha une retraite dans le Latium, d’où est venu le surnom de cette contrée. Le roi fugitif, en échange de ses bienfaits, apporta dans l’Italie les lettres de l’alphabet, et donna à la monnaie sa première empreinte. De là le trésor placé sous la garde de Saturne. Il se livra aux travaux champêtres ; de là cette faux que les peintres mettent dans la main du vieillard. Janus lui avait offert l’hospitalité ; le janicule lui emprunta son

  1. Ce traité n’est guère que la reproduction des idées de Tertullien, quelquefois avec les mêmes expressions.