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ce Dieu qui a l’univers pour temple ? Quand l’homme, chétive créature, étend au loin son habitation, irai-je circonscrire dans une étroite enceinte la majesté divine ? Notre cœur, voilà son plus magnifique sanctuaire ; c’est là qu’il veut être adoré. Ne cherchons pas de nom à Dieu ; son nom, c’est Dieu. Il faut des noms pour distinguer par une désignation spéciale la multitude des objets ; en disant Dieu, vous avez tout dit, parce que rien ne lui ressemble. Il est seul, il est unique ; et pourtant son immensité est répandue partout. Le vulgaire lui-même, entraîné par un instinct naturel, sent autour de lui l’âme, l’intelligence de son auteur, et confesse mille fois le jour sa présence. Ne l’entendons-nous pas s’écrier à chaque moment : « Ô Dieu !… Dieu le voit !… Je me recommande à Dieu ! Dieu vous le rende !… Dieu le veut ainsi !… Si Dieu le permettait !… » Voilà bien le comble du crime ! ils refusent de reconnaître celui qu’il n’est pas possible d’ignorer !

Jésus-Christ existe ; le salut est descendu dans le monde par son incarnation ; nous l’avons dit. Apprenez la merveilleuse économie de ce mystère.

Anciennement les Juifs étaient la nation chérie du Très-Haut ; leurs ancêtres pratiquaient la justice et vivaient sous l’observance de la loi. Un empire florissant et une population nombreuse furent la récompense de leur fidélité. Mais bientôt arrivèrent l’oubli de Dieu, la révolte, la folle confiance dans les prospérités de leurs pères, le mépris des préceptes, et, à la suite des prévarications, la perte de la grâce. Quels furent leurs désordres ? jusqu’à quel point outragèrent-ils la religion ? Il n’est pas besoin d’invoquer leur témoignage ; tout muets qu’ils sont, ils le proclament assez haut par la voix de leurs désastres. Arrachés à leur ciel, bannis de leur patrie, errants dans tout le monde, ils sont réduits à implorer l’hospitalité étrangère. Dieu avait prédit en effet que, vers la fin des jours, il se choisirait parmi toutes les nations un peuple d’adorateurs, peuple soumis, peuple fidèle, pour lequel il ouvrirait tous ses trésors, et ferait pleuvoir l’abondance de ses grâces, qu’avaient répudiées les Juifs. Le Verbe éternel, le fils de Dieu, celui que les prophètes