Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 5 bis.djvu/524

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adjurons au nom du Dieu vivant, ils se retirent des corps qu’ils obsédaient, en confessant leurs noms. Regardez ! sous la puissance mystérieuse de nos paroles, vaincus par l’invisible majesté du Très-Haut, ici des verges les frappent ; là des flammes les consument ; plus loin ils se débattent, étendus sur le chevalet ; ils poussent des gémissements et des vociférations, et proclament même, en face de leurs adorateurs, qui ils sont, d’où ils viennent, et à quel moment ils se retirent. Alors on les voit tantôt s’échapper brusquement, tantôt disparaître par degrés selon que la foi du patient ou que la grâce du médecin spirituel hâte leur départ. De là ils s’en vont soulever les haines populaires contre le nom chrétien, afin que le monde nous haïsse avant de nous connaître, de peur que, s’il venait à nous connaître, il n’embrassât nos dogmes, ou du moins ne pût nous condamner.

Il n’y a donc qu’un Dieu, maître et Seigneur de toutes choses. En effet, cette dignité incommunicable n’admet ni communauté, ni partage, parce que seule elle possède la toute-puissance. Empruntons à la terre ses exemples, pour les appliquer à la souveraineté divine. Montrez-moi une époque de l’histoire où l’association à l’empire ait commencé avec bonne foi, ou du moins n’ait pas expiré dans des flots de sang ! À Thèbes, la haine la plus ardente divise les deux frères, et les poursuit jusque dans les flammes de leur bûcher. À Rome, les deux jumeaux, conçus et portés dans le même sein, se trouvent à l’étroit sur le même trône. Pompée et César sont alliés ; mais leur puissance rivale brise le nœud qui les enchaîne. Et pourquoi s’en étonner dans l’homme ? L’unité se retrouve partout dans la nature : les abeilles n’ont qu’un roi, les troupeaux qu’un chef. À plus forte raison, n’y aura-t-il qu’un maître souverain, qui, par sa parole, ordonne tout ce qui est, le gouverne par sa sagesse, le soutient par sa puissance. Plus clair que la vue, il échappe à nos regards ; plus subtil que le toucher, il est inaccessible à nos sens ; supérieur à l’intelligence, notre pensée ne peut l’atteindre ; jamais nous ne le comprenons mieux qu’en le nommant l’incompréhensible. Mais où est le temple digne de