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immense le pontife de Jésus-Christ, l’homme de Dieu, aussi supérieur aux pontifes du paganisme par l’entraînement de sa charité que par la vérité de sa foi ? Le passer sous silence serait un crime. D’abord il rassemble le peuple dans une enceinte commune ; il lui rappelle les devoirs et les avantages de la miséricorde ; il lui prouve par les textes sacrés combien cette vertu est puissante auprès de Dieu pour gagner ses suffrages. « Où serait le mérite à soulager uniquement des proches qui ont droit à notre amour ? Le comble de la perfection était de faire plus que le païen et le publicain ; de vaincre le mal par le bien, de chérir même ses ennemis ainsi que Dieu en avait donné le précepte et l’exemple, de prier pour le salut de nos persécuteurs. Dieu n’allumait-il pas tous les jours son soleil ? N’épanchait-il pas tous les jours les pluies fécondes pour nourrir les plantes et les semences ? Serviteurs et étrangers, tous avaient part à ses dons. Quand on professe le Christianisme, pourquoi ne pas ressembler à son père ? Soyons dignes de notre naissance ; après notre régénération en Dieu, n’allons point dégénérer des vertus paternelles ; mais plutôt montrons que la bonté est héréditaire et revit dans les enfants ! »

10. Il ajouta beaucoup d’autres choses fort importantes, mais trop étendues pour trouver leur place dans les étroites limites que je me suis imposées. Il me suffira de dire que les accents partis de la tribune sacrée eussent infailliblement converti les infidèles, s’ils avaient pu les entendre. Quelle impression ne durent-ils pas produire sur des Chrétiens qui doivent ce nom à leur croyance ? On se partagea les rôles de la charité selon les rangs et les moyens. Les pauvres, que leur indigence mettait hors d’état de contribuer à la bonne œuvre par des secours pécuniaires, offrirent plus que de l’or : ils donnèrent leurs bras et leur travail. Et qui ne se fût hâté de courir à son poste et de se presser sous les étendards de cet illustre chef, pour complaire à Dieu le père, à Jésus-Christ, juge de tous les hommes, et à ce pontife si compâtissant ? Les largesses furent abondantes ; les secours arrivèrent à tout le monde, aux païens comme aux enfants de la foi. La merveilleuse charité de Tobie fut