Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 8.djvu/106

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
102
NOTICE SUR LA VIE

En effet, on voit dans l’apologie de Ruffin qu’Origène, sur ce dernier point, s’expliquait ainsi dans une de ses lettres : « Un certain hérésiarque, après que nous eûmes disputé en présence de plusieurs personnes, prit la relation des mains de ceux qui l’avaient écrite, y ajouta, en ôta, y changea ce qu’il voulut, faisant paraître sous mon nom ce qu’il avait écrit lui-même et m’insultant. Nos frères de Palestine en furent indignés, et m’envoyèrent un homme à Athènes pour avoir l’original. Je ne l’avais ni lu ni revu, et je l’avais tellement négligé que j’eus peine à le trouver. Je l’envoyai toutefois, et je prends Dieu à témoin qu’ayant été trouver celui qui avait falsifié cet écrit, comme je lui demandai pourquoi il l’avait fait, il me répondit, comme pour me satisfaire, qu’il avait voulu orner et corriger notre dispute. Voyez quelle correction ! C’est ainsi que Marcion ou Appelles, son successeur, ont corrigé les Évangiles de saint Paul. » Il ajoutait : « À Éphèse, un certain hérétique m’ayant vu et n’ayant voulu, je ne sais pourquoi, ni conférer avec moi, ni même ouvrir la bouche en ma présence, écrivit ensuite une conférence telle qu’il lui plut, sous son nom et sous le mien, et l’envoya à ses disciples à Rome, comme je l’ai appris, et je ne doute pas qu’il l’ait envoyée aussi à ceux des autres lieux. Il m’insultait même à Antioche avant que j’y vinsse, en faisant courir sa prétendue conférence ; mais quand j’y fus, je le convainquis en présence de plusieurs témoins, etc., etc. »

Rien donc ne peut permettre d’élever le moindre doute sur la pureté des doctrines et la véracité des faits contenus dans les ouvrages d’Origène, tels que ses disciples, ses contemporains et les Pères de l’Église, ses successeurs, nous les ont conservés et transmis. En les lisant, on s’étonnerait sans cesse de la profondeur des aperçus, de l’élévation des pensées et de la sagesse des décisions sur toutes les questions qui agitaient alors l’Église naissante, si l’on ne se rappelait qu’Origène était animé de l’esprit de Dieu, qui lui avait été pleinement accordé pour contribuer à la fondation et à la perpétuité de cette Église. La beauté des discours égale la solidité des raisonnements, et la foi, aussi vive que sincère, répandue dans tous ses ouvrages, leur donne une force à laquelle le sophisme et l’incrédulité ne sauraient résister.

À la vue de tous ces sublimes et primitifs ouvrages, com-