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ET LES OUVRAGES D’ORIGÈNE.

d’Ambroise, son ami, qui le pressait de répondre aux calomnies du philosophe épicurien. Jamais la foi jointe aux lumières n’avait autant éclaté que dans ce traité d’Origène. Il ne laisse aucune objection sans réplique, sans éclaircissement et sans triomphe. La vérité, les miracles, les mœurs, les doctrines, les pratiques de la religion chrétienne y sont établis avec une force, une lucidité, une érudition, une conviction également admirables.

Ce traité, le plus complet et le plus utile de tous les ouvrages d’Origène, en fut aussi le dernier. Il mourut en 253, sous le règne de l’empereur Gallus, et âgé de soixante-neuf ans. Sa mort répondit à sa vie, toute miraculeuse et toute chrétienne. Saint Jérôme disait de lui : « Après les Apôtres, je regarde Origène comme le grand maître de l’Église ; l’ignorance seule peut nier ces vérités. Je me chargerais volontiers des calomnies qui ont été dirigées contre son nom, pourvu qu’à ce prix je puisse avoir sa science profonde des Écritures. »

Les calomnies dont parle saint Jérôme se rapportent et à la poursuite que Démétrius, évêque d’Alexandrie, exerça contre Origène, lorsque celui-ci fut ordonné prêtre, et aux accusations d’erreurs et d’hérésies même que semblaient contenir quelques-uns de ses ouvrages. Nous avons dit la cause des rigueurs originaires de Démétrius, emporté par le zèle du maintien de la discipline ecclésiastique, comme Origène avait été lui-même emporté par l’exaltation de la pureté des mœurs ; les erreurs ou les fautes reprochées contre l’orthodoxie chrétienne ne s’expliquent pas moins facilement.

Origène, tout rempli de l’étude de la philosophie de Platon, en avait pris quelques aperçus spécieux qu’il avait fait entrer dans son traité Peri archôn, c’est-à-dire des principes qui servent d’introduction à la théologie. « Il est vrai, ajoute l’auteur de l’Histoire ecclésiastique, qu’Origène n’avance ces principes que comme des opinions, en doutant et les soumettant au jugement du lecteur. Il expose d’abord la foi de l’Église catholique, et ce qu’elle enseigne universellement. Il traite le reste comme des questions problématiques, sur lesquelles il propose ses pensées avec une grande modestie. C’est ainsi qu’il peut être excusé sur les opinions qui sont constamment de lui ; car il y en avait d’autres qu’il désavouait absolument, se plaignant que les hérétiques avaient falsifié ses ouvrages. »