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ORIGÈNE.

III. Après avoir dit que les Chrétiens ont bien soin de couvrir des ombres du mystère tout ce qu’il leur plaît de faire et d’enseigner, et cela pour une bonne raison, c’est qu’ils cherchent à éviter la peine capitale qui les poursuit, Celse compare leurs dangers avec ceux auxquels la philosophie avait exposé Socrate. Mais à Socrate il pouvait adjoindre Pythagore et bien d’autres encore. Nous lui répondrons que les Athéniens ne tardèrent pas à se repentir de leur conduite envers Socrate, et que leur haine expira sur son tombeau. Le même changement s’opéra dans les esprits à l’égard de Pythagore. Témoins les nombreuses écoles qui portèrent si long-temps son nom dans cette partie de l’Italie appelée la grande Grèce. Mais pour les Chrétiens quelle différence ! Le sénat, les empereurs à différentes époques, l’armée, le peuple, leurs parents eux-mêmes, tant d’ennemis dont les embûches les enveloppaient de toutes parts, ne les auraient-ils pas entièrement détruits si la puissance divine qui les soutenait, non-seulement ne les avait fait sortir de toutes ces épreuves victorieux et triomphants, mais encore n’avait mis à leurs pieds l’univers conjuré contre eux ?

IV. Celse cherche à déprécier notre morale sous prétexte quelle n’a rien de neuf ni d’imposant, mais qu’elle est toute semblable à celle des autres philosophes. Nous lui répondrons que si tous les hommes ne portaient pas gravés dans leur cœur les principes de la morale, ceux dont les crimes appellent sur leur tête les châtiments de la justice divine ne manqueraient pas d’excuses pour les décliner. Il ne faut donc pas s’étonner que le même Dieu qui a bien voulu nous instruire par la voix des prophètes et de Jésus-Christ ait imprimé les principes de la même morale dans le cœur des hommes. De sorte que devant son tribunal le coupable se trouvera sans excuse, puisqu’il n’est personne qui ne porte gravé dans son cœur le sentiment de la loi. L’Écriture nous laisse entrevoir cette vérité, traitée de fable par les Grecs, lorsqu’elle nous dit