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ORIGÈNE.

que défendrait la loi de l’État. Un tyran vient opprimer un peuple libre : trouverez-vous criminelles les réunions secrètes qui se formeront contre lui ? Voilà la position des Chrétiens. Le démon, l’esprit de mensonge exerce sur eux un pouvoir tyrannique. C’est donc avec raison qu’ils conspirent contre lui au mépris de ses lois, pour s’occuper du salut des hommes qui savent comprendre la nécessité de secouer un joug non moins insupportable que celui d’un Scythe ou d’un tyran.

II. Celse dit ensuite que la religion chrétienne vient d’une source barbare. Évidemment il veut parler du judaïsme, d’où elle découle. Au moins il est assez juste pour ne pas lui faire un crime de son origine ; car il trouve aux barbares assez de sagacité pour se créer des dogmes. Mais il ajoute qu’il n’appartient qu’aux Grecs de savoir faire un sage discernement de ces croyances inventées par le génie barbare, de les appuyer sur des preuves et de les appliquer à la pratique de la vertu. Que conclure de cet aveu ? c’est qu’un sage de la Grèce qui viendrait parmi nous trouverait que nous sommes en possession de la vérité, et le prouverait même par ses argumens : seulement il croirait devoir ajouter ce qui lui semblerait nous manquer, je veux dire un appareil de démonstration semblable à celle des thèses soutenues dans les écoles de la Grèce. Mais la vérité du christianisme se démontre par un genre de preuves bien supérieures et qui lui est propre ; car il est tout divin, et la dialectique grecque ne saurait en approcher. L’Apôtre le place dans la manifestation de l’Esprit et de la puissance : de l’Esprit, par des prophéties qui sont si claires et si évidentes qu’on ne peut s’empêcher d’y reconnaître partout Jésus-Christ ; de la puissance, par des miracles dont le pouvoir se trouve chez les Chrétiens, comme l’attestent tant de faits, et entre autres les vestiges qui restent de ce pouvoir parmi ceux dont la vie et les mœurs sont en parfait accord avec les préceptes de l’Évangile.