Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 8.djvu/121

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
117
ORIGÈNE.

qu’il ne pourrait se montrer épicurien sans affaiblir tout ce qu’il dirait contre ceux qui admettent une Providence et un Dieu qui s’occupe du monde. J’apprends du reste qu’il a existé deux épicuriens du nom de Celse : l’un qui reçut sous Néron, l’autre pendant et après le règne d’Adrien.

IX. Il nous exhorte ensuite à prendre pour guide la raison pure en ce qui regarde les dogmes, sans quoi nous ne pourrons échapper à l’esprit de secte et à l’erreur, pareils à ceux qui croient inconsidérément aux impostures des prêtres métragyrtes, aux initiations de Mithra et de Bacchus, aux fantasmagories d’Hécate et des autres démons. Comme ces charlatans imbéciles se font croire et poussent la multitude où bon leur semble ; de même en est-il pour les chrétiens. Quelques-uns de ces derniers, dit-il, ne veulent ni donner, ni accepter de cautions et de garanties dans leurs affaires. Leur maxime est : N’examinez pas, mais ayez foi ; et la foi vous sauvera. La sagesse de ce monde est mauvaise, sa folie seule est bonne. Je réponds à notre adversaire que si l’homme pouvait, négligeant tous les autres intérêts de la vie, s’appliquer uniquement à la philosophie, il n’en trouverait certainement pas de meilleure que celle du christianisme. Aucune, disons-le sans orgueil, ne donne de plus sages explications des croyances humaines, des prophéties, des paraboles évangéliques, et de mille autres faits et emblèmes. Toutefois, comme les nécessités temporelles et l’infirmité de l’esprit interdisent la philosophie au plus grand nombre des hommes, il faut trouver un moyen d’aider sous ce rapport leur faiblesse, et de ces moyens, aucun n’est comparable à celui que Jésus lui-même est venu apporter aux nations. Qu’on demande à la multitude des croyants, que leur foi a purifiés de la fange des vices, où ils se roulaient auparavant, lequel des deux systèmes est préférable, ou de corriger ses mœurs en croyant sans examen à la récompense qui attend la vertu et au supplice qui menace