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ORIGÈNE.

résultats du dogme de la Providence rémunératrice des bons et juge des méchants, se sont groupés autour d’Épicure et de Celse, qui rayaient la Providence de la liste de leurs divinités.

XI. Si chaque sectaire grec ou barbare est obligé par sa raison de s’en fier au fondateur de sa secte, combien doit-on se fier davantage à la parole de celui qui nous a révélé le culte du Dieu unique, du Créateur de toute chose, et nous a permis de négliger ce qui, étant digne d’honneur, ne mérite cependant pas notre adoration ; ce qui peut être dans l’occasion étudié et démontré, mais seulement par les esprits contemplateurs auxquels ne suffit pas la simple foi. Comment serait-il déraisonnable d’avoir foi en Dieu, lorsque sans foi rien ne se fait, même dans les choses humaines ? Qui navigue, qui se marie, qui soigne ses enfants, qui sème son blé, s’il n’a la confiance d’un heureux succès, bien que le succès soit souvent tout autre que l’espérance ? Cet espoir de l’amélioration et de la réussite fait entreprendre hardiment les choses les plus hasardeuses. Si donc la confiance d’un meilleur avenir soutient l’homme dans les entreprises les plus douteuses, pourquoi ne le dirigerait-elle pas, quand il s’agit de choses bien plus raisonnables que la navigation, l’agriculture, le mariage, de choses purement intellectuelles et divines ? Pourquoi ne se fierait-il pas à celui qui, pour donner à tout le genre humain la vraie religion du Créateur de l’univers, s’est exposé à toutes les souffrances avec une générosité incomparable, et a subi la mort la plus ignominieuse suivant le monde, en apprenant par là à ceux qu’il s’était dès l’origine choisis pour disciples à parcourir le monde en prédicateurs du salut, sans crainte des périls et des mille morts dont ils étaient menacés.

XII. Si les chrétiens veulent me répondre, dit Celse, ils feront bien, non pas pour m’apprendre ce qu’ils pensent, car je sais tout, mais pour reconnaître la sympathie qui me lie à tous les hommes également. S’ils gardent le silence