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ORIGÈNE.

en donnant leur réponse habituelle : Nous ne discutons pas, alors il faudra bien que nous leur montrions à eux-mêmes la source de leurs erreurs. J’observerai d’abord qu’il y a une extrême arrogance dans ces mots : Je sais tout. Certes si notre ennemi avait lu les prophètes qui, au jugement de tous, abondent en maximes profondes, incompréhensibles pour la plupart des esprits, s’il avait lu la loi et l’histoire juive, les paraboles évangéliques, les discours des Apôtres, et si, les étudiant en toute simplicité, il eût voulu en pénétrer le sens, il ne s’écrierait pas avec tant d’orgueil : Je sais tout. Nous-mêmes qui avons consacré notre vie à l’étude de ces choses, nous n’oserions dire que nous les savons toutes. La vérité doit être indulgente. Qui de nous aurait la témérité de dire qu’il a approfondi tout ce qui vient d’Épicure et de Platon, quand les maîtres même de ces écoles sont dans le doute, et se contredisent sans cesse ? Et qui prétendrait savoir le vrai sens, la connaissance du stoïcisme ou des doctrines péripatéticiennes ? Celse a peut-être entendu dire ces mots : Je sais tout à quelques prétendus initiés du christianisme, assez stupides pour ne pas sentir leur ignorance, et sur la foi de pareils maîtres il a cru tout savoir. Il me semble qu’il lui est arrivé ce qui arriverait à un voyageur en Égypte qui, oubliant que dans ce pays les savants nationaux discutent entre eux sur les plus profonds mystères, sans en rien communiquer aux profanes, recueillerait les fables populaires, sans en comprendre le sens caché, et se glorifierait d’avoir approfondi toutes les sciences de l’Égypte ; n’ayant écouté que les ignorants, et les prêtres l’ayant tenu loin de leurs sanctuaires. Ce qui a lieu en Égypte se répète chez les Perses, qui ont aussi des mystères connus des seuls initiés, auxquels le sens intérieur du culte est expliqué, tandis que le bas peuple ne juge que par les apparences. Les Syriens, les Indiens et tous les Gentils ont également des fables qui enveloppent pour eux la vérité, cachée au vulgaire.

XIII. Quant à ce que Celse nous reproche au sujet de la