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ORIGÈNE.

XXI. Cependant Celse et les épicuriens prétendent que Moïse avait reçu sa doctrine des philosophes des Gentils, et qu’il leur doit son nom divin. Je répondrai : Supposons que Moïse ait transmis aux Hébreux des lois antérieures et qu’il avait apprises, il ne serait coupable que dans le cas où ces lois manqueraient de sagesse et de moralité ; si, au contraire, elles contiennent, comme vous dites, les vrais dogmes, qu’il a ainsi communiqués à son peuple, pourquoi le blâmez-vous ? Plût au ciel qu’Épicure, Aristote, moins incrédule que lui, et les stoïciens, qui donnent à Dieu un corps, eussent étudié cette doctrine ! Le monde ne serait pas plein de gens qui nient la Providence, ou restreignent son action, ou ne lui donnent pour principe qu’un être corruptible et matériel, le dieu des stoïciens, dieu changeant et plein d’inconstance, comme ils n’ont pas honte de l’avouer ; mais ils ne peuvent communiquer leur corruption à la divinité, car la corruption n’atteint pas ce qui est ; et c’est à cause de leurs sentiments impies sur la nature divine qu’ils ont horreur des Juifs et des chrétiens, dont les livres rejettent toute variation en Dieu, duquel ils disent, en l’invoquant : Tu demeures toujours le même, et auquel ils donnent pour maxime : Je ne change pas (1).

XXII. Celse ne blâme pas la circoncision des Juifs, car ils l’ont, dit-il, empruntée aux Égyptiens. Il aime mieux en croire ces derniers que Moïse, appelant Abraham le premier homme circoncis. Cependant Abraham n’est pas seulement cité par Moïse comme l’objet des faveurs divines ; plusieurs de ceux qui invoquent les démons parlent aussi du Dieu d’Abraham, avouant la puissance de ce patriarche et les grâces qu’il recevait d’en haut. Quoiqu’ils ignorent quel avait été cet Abraham, ils invoquent néanmoins son Dieu, aussi bien que celui d’Isaac, de Jacob et d’Israël. Ces noms, que chacun sait être hébreux, sont prononcés dans les rites égyptiens pour indiquer des puissances mer-

(1) Malachie, iii, 6.