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ORIGÈNE.

admettre comme possible un tel miracle, ouvrons les histoires grecques ; nous y trouvons que Platon naquit d’Amphictione qui l’avait conçu d’Apollon, et qu’Aristori ne put approcher d’elle, avant qu’elle eût enfanté. Cette fable avait pour but d’exalter l’homme élevé par sa sagesse et sa vertu au-dessus de tous les autres Grecs, et de le montrer comme ayant tiré son être d’un principe supérieur et divin, comme il convient aux individus plus grands que ne le sont ordinairement les hommes. Ce que Celse met dans la bouche du Juif disputant avec Jésus, et sa naissance d’une vierge assimilée aux fables de Danaë, de Mélanippe, d’Auge, d’Antiope, tout cela n’est pas d’un écrivain honnête et sérieux.

XXXVIII. Il emprunte à l’évangile de saint Matthieu l’histoire de la migration de Jésus en Egypte ; mais rejetant les miracles et l’admonition faite par l’ange, et ne comprenant point le mystère figuré par cette émigration et cet exil en Egypte, il a recours à des fictions, et explique d’une manière nouyelle les miracles faits parle Christ, et par lesquels il s’attachait la multitude. Car il prétend calomnieusement que ces prodiges étaient le fruit de sa science magique, nullement de la vertu divine. Elevé secrètement, dit-il, il alla travailler en Egypte, où il apprit l’art de faire des miracles, et de retour dans son pars il se fit à l’aide de cette science passer pour un Dieu. Je ne puis nullement comprendre comment un devin aurait pu enseigner aux hommes à avoir dans tous leurs actes la pensée de Dieu présente, et aurait rendu si purs ses disciples et les propagateurs de sa croyance. En outre ses apôtres convertissaient leurs auditeurs par des miracles ou sans miracles, il serait absurde de dire qu’ils ne faisaient pas de miracles, mais que forts de leur seule foi, et par le secours d’une dialectique habile, ils promulgaient partout leur nouvelle doctrine, puisque sans miracles cette doctrine qui innovait en toutes choses n’aurait inspiré aucune confiance. Et s’ils faisaient des miracles, comment les croire