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ORIGÈNE.

fait intituler ce livre Paroles de vérité, contrairement à l’usage de tous les philosophes, qui n’ont jamais osé usurper un titre aussi exclusif. Platon nie qu’il soit d’un homme sage de garder pour lui quelques points des doctrines les plus secrètes ; Chrysippe, après avoir exposé à ses auditeurs les choses qui lui étaient connues, les renvoie souvent pour une plus complète initiation à d’autres philosophes. Quant à Celse plus sage que tous les Grecs et sachant toute chose, il ne prononce que des axiomes infaillibles.

XLI. De peur qu’on ne nous accuse d’user de ruse, et de passer sous silence les chapitres que nous ne pouvons réfuter, nous suivrons pas à pas notre adversaire, sans conserver l’ordre logique des faits, mais en nous conformant à la disposition qu’il lui a plu d’adopter dans son livre. D’abord, que dit-il sur le Saint-Esprit qui apparut au Sauveur en forme de colombe ? Le Juif de Celse apostrophe ainsi Notre-Seigneur : Tu prétends qu’à ton baptême par Jean un oiseau est descendu du ciel sur toi : quels sont les témoins dignes de foi qui l’attestent ? Il n’y a que toi et un de ceux qui sont morts avec toi. Vous deux avez seuls entendu la voix céleste qui t’appelait Fils de Dieu.

XLII. Avant de répondre, observons d’abord qu’il est très-difficile, quelquefois impossible, de donner une démonstration complète des histoires même les plus authentiques. Supposons que quelqu’un vienne contester l’existence de la guerre de Troie, parce que cet événement est mêlé à des fables, comme celle d’Achille, né d’un mortel, Pelée, et d’une déesse de la mer, Thélis ; ou celles de Sarpedon, issu de Jupiter ; d’Ascalaphe et d’Ialmène, fils de Mars ; et d’Enée, fils de Vénus. Comment, en nous embarrassant de ces fables, prouverions-nous à un sceptique qu’il y a eu réellement un siége de Troie, et des combat entre les Grecs et les Troyens ? Pour celui qui rejeterait l’histoire d’Œdipe et de Jocaste, d’Étéocle et de Polynice, parce qu’il y est question d’une femme sphinx, cou-