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ORIGÈNE.

divines, soit des choses futures terrestres. Il n y y a rien d’absurde en soi à admettre ces révélations faites à l’ame dans la veille comme dans le sommeil, révélations utiles à celui qui les reçoit ou à celui à qui elles sont communiquées. Ainsi que durant le sommeil nous croyons entendre denos oreilles et voir de nos yeux, quoique notre esprit seul reçoive ces impressions, de même on peut admettre que les prophètes avaient des visions, toutes les fois qu’ils racontaient les merveilles par eux contemplées dans les cieux, ou les paroles que leur avait dites le Seigneur ; Je ne pense pas qu’il soit nécessaire que le ciel sensible se soit réellement ouvert aux yeux corporels d’Ézéchiel, pourquoi ait pu écrire ses ; révélations. Et il y a moyen d’expliquer aussi de cette manière ce que l’Évangile raconte du Sauveur, en usant toutefois de prudence pour ne pas scandaliser les faibles, qui par leur simplicité même agitent le mondé et pénètrent le ciel. Mais pour pénétrer plus avant dans le sens général et divin de l’Écriture, il faut être un élu, un bienheureux à celui-là seulement Salomon a dit : Tu trouveras le sens divin. Or ce sens peut être perçu par des yeux accoutumés, comme ceux des Chérubins et des Séraphins, à contempler des choses surnaturelles ; par une ouïe destinée à saisir d’autres bruits que ceux qui se font dans 1 air ; par un goût apte seulement à jouir du pain de vie, descendu du ciel pour ranimer le monde ; par un odorat qui ne perçoit que la bonne odeur du Christ, expliquée dans saint Paul ; enfin par un toucher semblable à celui qui fit dire à saint Jean qu’il avait touché de ses mains le Verbe de Dieu. Les prophètes bienheureux avaient obtenu ces sens supérieurs qui leur faisaient voir, entendre, goûter, sentir en quelque sorte, toute chose d’une manière divine ; par leur foi, ils touchaient le Verbe, dont les émanations, en leur communiquant la santé incorruptible, les rendaient aptes à voir réellement ce qu’ils décrivent, à écouter ce qu’ils racontent, et à devenir témoins et acteurs des scènes dont leurs livres sont la peinture. Ainsi Isaac sentait l’o-