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ORIGÈNE.

Jacob, que s’ensuit-il contre ce que nous disons de son corps ? Il est constant qu’après sa résurrection il mangea du poisson, et nous croyons que son corps fut en tout un corps né de la femme. Celse nous objecte que le corps de Dieu a une autre voix, et d’autres moyens de se faire écouter. Méprisable objection ! Parce que l’Apollon didyme ou pythien s’exprimait par l’organe de la pythie ou de la sibylle de Milet, l’a-t-on exclu du rang des génies que la Grèce adorait comme des Dieux ? Avec une bien plus grande raison et une plus haute puissance la voix de Jésus agissait d’une manière ineffable sur ses auditeurs.

LXXI. Enfin cet impie, ennemi de Dieu, ose reprocher à Notre-Seigneur d’agir comme un enchanteur coupable et haï de la Divinité ; quoique, si l’on prend l’expression dans son sens littéral, il soit absurde de supposer à Dieu de la haine pour un homme quelconque. Dieu ne peut haïr aucune des choses qu’il a faites, et qu’il n’aurait pas créées, s’il avait prévu qu’il les haïrait. Les passages de l’Écriture qui semblent lui prêter ce sentiment, doivent s’entendre conformément à la règle d’interprétation qui attribue par figure les affections humaines à la divinité. Quant à l’homme qui, ayant promis des arguments convaincants, se tire d’affaire par des insultes et des malédictions prodiguées au Christ, que doit-on lui répondre ? Ce n’est plus un philosophe initiateur, c’est un homme de la lie du peuple, qui se laisse emporter par la colère, au lieu d’exposer avec convenance et candeur l’objet de la discussion, et d’exprimer avec force les arguments en faveur de sa cause. Nous terminons ce premier livre contre Celse, à l’endroit où s’arrête, dans le livre de notre adversaire, le dialogue du Juif contre Jésus. Aidés par cet esprit divin qui dissipe les faux discours, et que l’Écriture invoque en disant : Confonds-les par ta vérité, nous examinerons dans les livres suivants une autre prosopopée où le Juif, mis en scène par notre ennemi, s’adresse aux néophytes chrétiens.