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ORIGÈNE.

ples, un excellent exemple ? Car il excitait par là ses disciples à enseigner partout la loi de Dieu, et les autres hommes à faire moins d’attention à ses miracles, qu’à sa conduite et à ses conseils sur la manière dont il faut vivre pour plaire à Dieu en toute chose. Or, telle ayant été la vie de Jésus, de quel droit le comparer avec des magiciens, au lieu de croire qu’étant Dieu, suivant les promesses, il est apparu sous un corps humain pour réhabiliter l’espèce humaine ?

LXIX. Confondant ensuite les opinions de certaines sectes avec la doctrine universelle des Chrétiens, notre ennemi dit à Jésus : Le corps de Dieu ne ressemble point au tien. Nous répondons que Jésus ayant reçu de la femme un corps humain tel qu’elle pouvait le lui donner, exposé à la mort, il peut être regardé comme le grand athlète du genre humain, attaqué de toutes parts ainsi que les autres hommes, mais sans la souillure originelle dont ils sont entachés. Car, il n’a point péché, dit le prophète Isaïe ; aucune ruse n’est entrée dans sa bouche. Et comme il n’avait point connu le péché, Dieu l’a livré comme victime pour tous les péchés de l’univers. Celse dit encore au Sauveur : Ton corps n’a point été formé du même souffle que celui de Dieu. Cependant si Jésus est né, comme le disent les Écritures, un philosophe pourrait bien admettre que son corps a quelque chose de plus divin que les autres, et qu’il est, dans un certain sens, le corps de Dieu. C’est pourquoi Celse rejette les prophètes et les témoignages qui le déclarent conçu du Saint-Esprit, et il le fait naître d’une fille séduite par Panthère, afin de pouvoir s’écrier : Ton corps n’est point animé du même souffle que celui de Dieu.

LXX. Et le corps de Dieu, ajoute-t-il, ne se nourrit pas des mêmes aliments que le tien. Comme si l’Évangile indiquait que Jésus prenait des aliments, et lesquels il prenait. Mais en admettant qu’il ait réellement mangé l’Agneau pascal avec ses disciples, et ne se soit pas borné à dire : J’ai souhaité vivement de faire avec vous le repas pascal ; en admettant que, pressé par la soif, il a bu au puits de