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nous souffrons en patience les persécutions de la part des infidèles. Car les ailes des navires, ce sont les Églises ; la mer, c’est le monde, sur lequel l’Église universelle est ballotée sans cesse comme sur des flots ; cependant elle échappe au naufrage ; car elle a, pour l’empêcher de périr, un pilote suprême qui est le Christ. Elle porte toujours avec elle un étendard, qui la préserve de la mort : c’est la croix du Christ. Elle est comme un vaisseau dont la proue est tournée vers l’Orient, et sa poupe vers l’Occident ; le corps du bâtiment regarde le Midi et le Nord ; les cloux de la croix, ce sont les deux Testaments ; les cordes qui sont autour, sont la figure de l’amour du Christ, dont il étreint son Église. Le bandeau de lin qui entoure son corps, c’est la fontaine de régénération, où les fidèles viennent raviver leur foi. Le vent qui pousse le navire, c’est le souffle puissant de l’Esprit saint, par lequel il marque de son sceau tous les Chrétiens. Il est aussi garni de ses ancres de fer, ce sont les commandements de Jésus-Christ, qui sont plus forts que le fer. Il a de plus autour de ses flancs des pilotes pour accompagner et protéger sa marche : c’est la cohorte des anges, qui sans cesse sont chargés de soutenir et de fortifier l’Église. Quant à l’échelle, qui sert pour monter jusqu’au grand-mât, elle est l’image de l’efficace passion du Christ, comme s’il attirait les fidèles sur ses degrés pour delà les faire marcher dans les cieux. Enfin, les étendards qui flottent sur les mâts, sont les emblêmes sacrés des prophètes, des martyrs et des apôtres, qui se reposent dans le royaume du Christ.

LX. Voici maintenant de quelle manière l’Apôtre Jean parle des horreurs de la persécution, que l’Antechrist suscitera contre l’Église[1] : « Il parut encore un grand prodige dans le ciel : c’était une femme qui était revêtue du soleil, et qui avait la lune sous ses pieds, et une couronne de douze étoiles sur sa tête. Elle était enceinte, et elle

  1. Apoc. xii, 1 et suiv.