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entière par son immobilité ; et comme il est consubstantiel au Père, il s’est fait consubstantiel à la chair. Mais, tel qu’il était avant la chair, il est resté après, immense et sans bornes ; et, faisant dans sa chair ce qui était de son essence divine, il s’est montré sous un double rapport, sous le rapport divin et humain tout à la fois, et cependant il n’a pas cessé d’agir en vertu de sa seule et unique nature. Immense comme Dieu, et borné comme homme, possédant la perfection de l’une et l’autre de ces deux natures, conservant à chacune les propriétés qui leur sont propres et sans mélanges, et non point, comme quelques-uns le prétendent, par comparaison de ce que nous appelons entre le plus petit et le plus grand. Car les comparaisons n’ont lieu qu’entre les choses de même nature, et non point entre choses de nature différente. Car rien de ce qui est fini ne peut être comparé à Dieu, qui est infini, puisque le fini et l’infini diffèrent naturellement entre eux sous tous les rapports, et ne souffrent nulle comparaison. Cela n’empêche pas que le fini et l’infini ne possèdent chacun l’unité qui leur est propre, que rien ne peut rompre, et qui échappe à toutes les recherches de la science. Car la divinité du Christ reste après son incarnation comme elle était avant, infinie, incompréhensible, impassible, immuable, pouvant tout par elle-même, et pour tout dire, subsistant[1] substantiel, source infinie de tout bien et de toute vertu.


DEUXIÈME FRAGMENT DU MÊME DISCOURS.


D’après les saintes Écritures, le Christ est un homme sans péché, et non point un Dieu transformé, comme il le sait lui-même, puisqu’il est l’auteur des choses qui sont au-dessus de notre compréhension ; dans son incarnation,

  1. Substance à la fois et auteur de la substance.