Aller au contenu

Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 8.djvu/59

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui a eu lieu pour notre salut, il a uni sa divinité avec la chair, et quoiqu’il se soit incorporé à la matière, c’est toujours un Dieu qui s’est manifesté. Car ce n’est pas la chair qui est devenue une divinité transformée, étant faite la chair d’un Dieu ; mais elle est restée chair humaine, quoique unie à la divinité, c’est-à-dire une chair faible, sujette à la souffrance et aux infirmités, et comme dit le Sauveur : « L’esprit est prompt, mais la chair est faible[1]. » Il a fait et souffert sans péché les choses qui étaient de la nature de la chair, fortifiée qu’elle était par les prodiges de sa divinité. C’est pour cela que le Dieu de l’univers s’est fait homme, afin que, souffrant dans une chair sujette à la douleur, il rachetât ainsi toute l’espèce humaine, qui était dévouée à la mort par le péché, et lui rendît, par l’effet de la merveilleuse union de sa divinité impassible avec la chair, le don de l’immortalité dont elle était déchue depuis son alliance avec le démon : c’est ainsi que le mystère de son incarnation devait à jamais fixer la destinée des substances intelligentes qui peuplent le ciel, les rendre impeccables ; ce qui est, en effet, le résultat et le couronnement de tous ses travaux[2]. Il a donc, même après son incarnation, conservé le caractère de sa divine immensité, sans contredire sa nature, qui pouvait descendre et se plier à l’acte de l’incarnation, qu’elle contenait en principe, et qui s’est manifesté miraculeusement dans sa chair sacrée. En opérant le salut du monde par l’intervention d’une chair sujette à toutes les infirmités, il a voulu donner une nouvelle preuve qu’il était Dieu.


TROISIÈME FRAGMENT DU MÊME DISCOURS.


Je veux montrer que ma parole avait le pouvoir d’exprimer ce que j’ai dit relativement au Sauveur ; car si ma

  1. Math. xxvi, 42.
  2. Éph. i, 10.