unies par leur coopération à un même but, sont censées avoir la même origine et la même nature : d’après ce système, le Christ, par l’union des deux natures, ne serait plus qu’une dualité ; tandis que par la séparation des personnes, il représenterait une quaternité ; ce qui n’est pas soutenable. Or, comment, d’après de pareilles idées, concevoir la nature à la fois divine et humaine du Christ ? Quelle demeurera son essence, après avoir altéré sa divinité par son humanité, et avoir donné à sa chair le caractère de divinité ? Nous nous proposons de résoudre ailleurs ces difficultés. Passons donc pour le moment à d’autres considérations.
SIXIÈME FRAGMENT DU MÊME DISCOURS.
Il est admis par tous les Chrétiens comme un dogme, de croire que Dieu, dans le mystère de l’Incarnation, reste toujours égal à lui-même, ne souffrant ni altération, ni diminution dans tout ce qui est de son essence. Si donc, d’après Béron, la chair revêtue par le Christ est devenue participante de lui-même, il en résulte qu’elle est devenue en même temps participante de sa nature, et par conséquent, qu’elle est sans commencement, qu’elle est incréée, infinie, éternelle, sans bornes, qu’elle possède toutes les perfections que nous adorons dans la Divinité ; il faudrait en conclure que cette double nature ayant éprouvé une altération dans l’Incarnation, possédât un moyen que nous ne connaissons pas, de reprendre toute sa perfection première. Car l’être qui subit l’action instantanée de deux choses d’une nature différente, subit en même temps leur confusion, sous le rapport de l’action, et leur différence, sous le rapport de leurs éléments : ces deux choses, ayant souffert un changement dans leur nature, doivent alors prendre une existence qui nous est inconnue, et à laquelle nous ne pouvons donner aucun nom.