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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 8.djvu/80

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l’examen de cette autre proposition, savoir : que c’est véritablement la vertu du Père, c’est-à-dire le Verbe de Dieu, qui est descendu sur la terre, et non point le Père. En effet, il a dit[1] : Je suis sorti du sein de mon Père et j’arrive. Or, qui est sorti du sein du Père, si ce n’est le Verbe ? Qu’est-ce qui a été engendré par lui, si ce n’est son Esprit tout-puissant, c’est-à-dire le Verbe ? Mais, vous me demanderez peut-être, comment le Verbe a-t-il été engendré ? Eh quoi ! vous ne sauriez expliquer comment vous avez été engendré vous-même, quoique vous en portiez en vous-même la preuve matérielle et constante, et vous ne pouvez pas davantage rendre raison du mystère de votre génération ; car il ne vous est pas en effet donné de connaître les secrets du Créateur, dont les résultats sont sous nos yeux, bien qu’ils demeurent pour nous inexplicables ; car il suffit à l’homme de voir les œuvres de Dieu pour croire à sa toute-puissance. Et vous prétendriez pénétrer le mystère de la création du Verbe par le Père, qu’il a effectuée selon sa volonté ! Quoi ! il ne suffit pas à votre curiosité de savoir que Dieu a créé le monde, il faut encore qu’il vous révèle comment il l’a créé ! Il ne vous suffira pas de savoir que le Fils de Dieu est venu sur la terre pour votre salut, si toutefois vous y croyez ; mais encore vous voulez pénétrer comment il a été engendré par la puissance du Saint-Esprit ! Or, cette génération selon la chair, dont le mystère n’a été confié qu’à deux êtres, vous voudriez en scruter le secret, que Dieu se réserve de dévoiler aux saints qui auront été jugés dignes de contempler sa gloire ! Qu’il vous suffise de savoir ce que le Christ a dit : Que ce qui est né de l’esprit est esprit[2] : c’est ainsi qu’il désigna, par la bouche du prophète, la génération du Verbe. Quant au mode de révélation de ce mystère, et quant au temps où elle a eu lieu, voici ce qu’il a dit : « Je t’ai engendré avant l’aurore. »

  1. Jean. xvi, 28.
  2. Id. iii, 6.