propre mouvement ; mais c’était la sagesse même du Verbe qui parlait par leur bouche, et qui, après avoir dévoilé à leur esprit les choses futures, les chargeait de les révéler[1]. Il faut donc admettre que les choses qu’ils voyaient avec les yeux de la foi, et que Dieu leur manifestait pour les révéler ensuite, étaient des choses cachées au vulgaire. Car pourquoi aurait-on donné le nom de prophète à un prophète, si ce n’est parce qu’animé de l’esprit de Dieu, il possédait le don de prédire l’avenir ? Car le prophète lui-même cesse d’être prophète lorsqu’il parle d’un événement qui est à la connaissance de tous ; mais il est reconnu pour prophète du moment où il annonce les choses futures. C’est pour cela que le nom de prophète signifie, ceux qui voient depuis le principe des choses[2]. Quant à nous, instruits par leurs prophéties, ce n’est point notre sentiment particulier que nous exposons ; car nous ne devons pas chercher à exprimer dans des termes inusités les choses qui nous ont été annoncées, et tomber ainsi dans des explications arbitraires que chacun entend selon qu’il lui convient ; car c’est le devoir de celui qui parle d’exposer fidèlement les choses qu’il est chargé de faire connaître ; et celui qui l’écoute doit tâcher de mettre à profit ce qu’il entend. Ils ont donc l’un et l’autre un devoir à remplir : l’orateur doit s’expliquer sans contrainte et en toute liberté ; et quant à celui qui l’écoute, il doit recevoir avec une foi entière les choses qui lui sont dites ; c’est dans ces dispositions, et après avoir adressé votre prière à Dieu, que je vous prie de vouloir bien m’écouter.
III. Vous désirez connaître comment le Verbe de Dieu, s’assujétissant à la volonté de Dieu, après avoir été jusque là le Verbe tout-puissant, se manifesta jadis aux saints prophètes[3]. Remarquons d’abord, et avant d’aller plus loin, que le Verbe, dans sa miséricorde infinie,