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NOTICE SUR LA VIE

exemples plus ou moins nombreux d’abus et de superstitions au milieu de l’exercice de la puissance catholique, il faut bien reconnaître que d’abord, pendant la même époque, ceux qui résistaient à l’autorité des Pères, des conciles et des papes, n’apportaient pas moins de préjugés, d’excès et d’ambition dans ces dissidences que leurs adversaires ; et qu’ensuite, depuis plus de trois siècles, ce n’est pas du côté de l’Église catholique qu’on peut trouver les ambitieux, les superstitieux et les spoliateurs, quand on jette les yeux sur l’histoire de l’Allemagne, de l’Angleterre, de la France, livrées à Luther, à Calvin, à Henri VIII, à Élisabeth, et à la révolution française étendue à l’Italie, à l’Espagne et au Portugal.

Mais le moment est passé sans doute de ces récriminations mutuelles. Elles ne pourraient servir qu’à envenimer et obscurcir des questions que les faits, le raisonnement et l’esprit d’universelle fraternité doivent seuls éclaircir maintenant. De part et d’autre, il faut établir, avant tout, que si, les uns et les autres, nous sommes dans l’erreur, nous y sommes de bonne foi. Aujourd’hui l’aigreur, les préventions, l’emportement et l’intérêt des discussions personnelles, sont ou doivent être éteints ou écartés ; nous sommes, pour nous, parfaitement disposés à admettre que la cause de la dissidence, plus ou moins ancienne, des communions séparées de l’Église catholique, provient uniquement du désir que les dissidents éprouvent de croire et de vivre sous une règle plus conforme aux préceptes de Jésus-Christ, aux leçons de ses Apôtres, et aux doctrines des Pères et des docteurs de la foi qui ont reçu ces leçons et ces préceptes dans toute leur pureté, et dans toute leur valeur, pour les transmettre, sans affaiblissement, à la suite des générations chrétiennes. C’est là, pour nous aussi, nos convictions et nos espérances. Nous avons donc, tous, un égal intérêt à remonter aux sources du christianisme, à nous baigner dans ses eaux salutaires, à nous y purifier de nos erreurs réciproques, afin d’assurer notre esprit dans les croyances qui doivent, plus sûrement, nous conduire à la vie éternelle, cette grande affaire de la vie humaine.

Déjà, et dans ce but de lumière et de conciliation, un auteur moderne, Irlandais, Catholique et orthodoxe, M. Moore (Thomas), a publié le voyage spirituel qu’il a fait à la découverte de la vérité chrétienne ; il a, par des citations lucides et