flûtes, des trompes et un clairon provenant d’un fabricant du faubourg Poissonnière.
On ne doit pas s’étonner de trouver de tels objets en plein Centre africain. Il ne faut pas oublier que ces régions sont en communication constante avec Tripoli, dont les caravanes approvisionnent les marchés du Ouadaï et en proportion moindre ceux du Baguirmi.
La religion musulmane et la facilité des communications ont introduit dans ces régions une civilisation relativement avancée. On s’y trouve, à ce point de vue, au Moyen âge. Les sultans du Ouadaï et du Baguirmi, en gens pratiques, ont su éviter la grande féodalité héréditaire, cause en Europe de tant de luttes sanglantes.
Se méfiant de leurs proches ou des gens à qui leur naissance donne une certaine influence, ils leur confient rarement des commandements de régions. Ils réservent presque toutes les fonctions importantes à des esclaves de confiance, qu’ils peuvent révoquer à volonté et qui n’ont pas le temps de se créer une popularité suffisante dans les territoires qu’ils administrent, pour que leurs enfants puissent leur succéder.
Au point de vue religieux, la grande majorité du pays est musulmane. La minorité des habitants seulement est lettrée et les plus grands savants possèdent tout au plus la science enseignée au ive siècle à l’école d’Alexandrie. On trouve néanmoins quelques personnages qui, ayant beaucoup voyagé, ont acquis des idées très larges et ne sont pas réfractaires à l’introduction de certains perfectionnements de notre civilisation.
Il faut dire d’ailleurs que les Baguirmiens proprement dits, conquérants du sol, ne sont musulmans que depuis un siècle environ et ne paraissent pas très fanatiques.
Bien que les légendes baguirmiennes fassent remonter l’origine de la race à quatre personnages venus du Yemen, il paraît plus certain qu’ils descendent des tribus fétichistes établies au Nord du lac Fitri.
Ils vainquirent d’abord leurs voisins immédiats, les Boulalas,