Page:Gentil, La chute de l’empire de Rabah, Hachette, 1902.djvu/108

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une pirogue de pirates du tchad.

Les eaux libres du Tchad s’offraient à nos regards émerveillés. Tous, nous contemplions, avec un sentiment de joie profonde, ces eaux mystérieuses s’étendant à perte de vue. L’un de nos marins, indigène gabonais, se croyant sur la mer, prit de l’eau et la goûta. Il fut tout stupéfait de constater qu’elle était douce. Une bonne brise soufflait, formant sur le lac un clapotis sérieux. Nous mouillons, pour faire des observations, et aussi pour savourer, dans toute leur plénitude, la jouissance intense et l’émotion profonde, qui s’étaient emparées de nous.

Nous fûmes bientôt distraits de nos préoccupations par l’arrivée subite d’une flottille de pirogues de Bouddoumas ou pirates du Tchad. Saisis de stupeur à notre vue, ils disparurent rapidement dans les îles où ils se réfugièrent, abandonnant une partie de leurs embarcations…

Et maintenant, qu’allions-nous faire ? Notre but était atteint. Mais c’était une tentation bien forte pour des voyageurs que de se lancer à l’aventure sur cette mer intérieure. Nous y cédons un moment et, longeant la rive, nous nous dirigeons vers l’Est