Page:Gentil, La chute de l’empire de Rabah, Hachette, 1902.djvu/116

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lui de revenir par le Nord, il prendrait la route du Kanem et s’abstiendrait de négocier avec le Bornou ou avec le Ouadaï. Après quoi, nous nous séparâmes et je revins en France ; de Mostuejouls et Ahmed ben Medjkane m’accompagnaient. Mon absence avait duré trente-neuf mois.

Je ne m’étendrai pas longtemps sur l’accueil qui nous attendait à Paris. Qu’il me suffise de dire qu’il fut tellement chaleureux et bienveillant que j’en fus, pour ma part, tout confus. Tous mes compagnons recevaient des récompenses bien méritées. Moi-même, je fus comblé ; mais ce qui me fit plus de plaisir que les avancements et les honneurs fut l’assurance donnée par le ministre que l’on continuerait notre œuvre et que l’on allait procéder à l’occupation des territoires que nous venions d’explorer.

En attendant que l’on pût étudier complètement le nouveau programme que je soumettais, mon camarade d’école, le lieutenant de vaisseau Bretonnet, était, sur ma demande, désigné pour prendre la direction des affaires pendant mon congé. Il partait de France le 10 octobre 1898, emmenant avec lui les Baguirmiens et les gens de Senoussi qui avaient passé deux mois dans notre pays et qui rentraient chez eux, emportant le souvenir de tout ce qu’ils avaient vu, et l’impression de notre puissance militaire qu’ils avaient pu vérifier lors de la revue de Moulins, passée par le Président de la République.

Bretonnet était à peine en route que les plus mauvaises nouvelles nous parvenaient. Rabah, pour punir les populations du Chari qui nous avaient bien accueillis, les avait impitoyablement razziées et avait ensuite envahi le Baguirmi. Le sultan Gaourang, incapable de soutenir la lutte, avait brûlé sa capitale Massénia, et s’était replié sur le fleuve, dans les environs du dixième degré de latitude.

Il importait de prendre tout de suite des mesures telles que notre puissance s’affirmât définitivement. M. Guillain, alors ministre des Colonies, était un véritable homme d’État, à la fois pensant et agissant, ne perdant pas en vaines paroles un temps