Page:Gentil, La chute de l’empire de Rabah, Hachette, 1902.djvu/141

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Il écrivit au lieutenant Durand-Autier de le rejoindre immédiatement avec ses dix hommes et de le remplacer. À ce moment la deuxième attaque de front était repoussée, mais malheureusement le mouvement tournant de l’ennemi avait réussi. Les Baguirmiens, affolés et mal commandés, s’enfuirent au premier choc et le défilé fut pris. Dès ce moment, Rabah avait la victoire. Maîtres du défilé, les ennemis escaladèrent les deux sommets principaux et ouvrirent un feu plongeant sur nos Sénégalais. Bretonnet reçut une deuxième blessure, mortelle. Peu à peu les Sénégalais tombaient, le maréchal des logis Martin était tué. Les Baguirmiens s’enfuirent. Gaourang, qui avait combattu avec nous jusqu’au dernier moment, faillit être pris ; il s’en tira avec deux blessures au bras. Quant au lieutenant Durand-Autier, surpris par les masses ennemies au moment où il s’apprêtait à rejoindre son chef, il fut entouré en un instant et tué avec tous ses hommes.


m. bruel (photographie boyer)

M. Pouret, un jeune homme de vingt ans, tomba aussi à son poste. Un à un, les valeureux défenseurs du plateau disparaissaient et, quand il n’y en eut plus un seul capable de tirer un coup de fusil, l’ennemi seulement osa donner l’assaut final.

Sur les cinq Européens, les deux Arabes et les quarante-quatre Sénégalais, qui avaient soutenu cette lutte héroïque, il ne restait que trois hommes vivants. Encore étaient-ils blessés. Tous les autres étaient morts en dignes fils de France, à leur poste, sans reculer d’une semelle. Ah ! certes, la race qui fournit de tels hommes n’est pas dégénérée et elle a le droit d’envisager