Page:Gentil, La chute de l’empire de Rabah, Hachette, 1902.djvu/204

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Quatre jours après notre arrivée à Bousso, la flottille est signalée. Elle a eu beaucoup de peine à opérer sa descente. Le fleuve est au plus bas et, en maints endroits, il n’y a plus qu’un mince filet d’eau. Les hommes ont été obligés de débarquer et de creuser des rigoles dans le sable pour que les embarcations puissent franchir les seuils. Le travail accompli a été surhumain. La compagnie de Cointet nous rallie ensuite avec son convoi, dont les porteurs sont très fatigués. Il faut donner un peu de repos à tout le monde et attendre Gaourang et ses Baguirmiens, à qui j’ai donné rendez-vous et dont nous sommes sans nouvelles.

Pendant que nous effectuions notre marche sur Bousso, la mission Foureau-Lamy s’était avancée sur Goulfei, où elle s’était jointe au gros de la mission Afrique Centrale, cantonnée devant la place. Depuis quelques jours, Fad-el-Allah, le fils de Rabah, s’y était porté avec six cents fusils environ et livrait quelques escarmouches au lieutenant Meynier. Mais le commandant Lamy ne s’attarda pas devant Goulfei ; il se dirigea sur Koussouri, moins bien défendu, et enleva la place d’assaut le 3 mars. Le chef de bannière Capsul, qui la défendait, y fut tué. Nous ne perdîmes qu’un homme dans cette affaire.

Apprenant la prise de Koussouri, Fad-el-Allah sortit alors de Goulfei et vint camper, sans qu’on s’en doutât, à cinq kilomètres dans le Sud-Est de Koussouri. Son intention était de profiter d’un moment favorable pour tomber sur une patrouille ou sur un détachement sans méfiance.

Ce projet fut sur le point de réussir. Une forte reconnaissance, commandée par les lieutenants Rondeney et de Thézillat vint donner dans une embuscade et faillit être surprise. En un instant elle fut entourée de toutes parts, l’ennemi, caché derrière les buissons d’épines, ouvrant sur les nôtres un feu d’enfer. Le terrain se prêtait mal à un déploiement et la situation était très critique. Grâce à l’héroïsme des deux officiers et au courage des tirailleurs algériens qui mirent la baïonnette au canon et se ruèrent sur l’ennemi, l’avantage fut de notre côté ; les Rabistes furent refou-